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et décapiter. Ce fut le second chef gaulois qui périt par la hache du proconsul.

Après cette exécution, il se rendit sous les murs d’Uxellodunum. La place était forte et défendue par des hommes intrépides qui avaient des vivres pour long-temps ; mais César fit couper les canaux d’une fontaine qui seule donnait de l’eau à la ville, et obligea les habitans de se rendre à discrétion.

Afin d’épouvanter par un exemple terrible les autres peuples enclins à la révolte, César fit trancher les mains à tous ceux qui s’étaient défendus, et les renvoya dans leurs pays. Rigueur abominable que rien ne peut justifier ; car ces hommes avaient fait ce que tous les Romains et César lui-même eussent certainement tenté contre des étrangers envahissant l’Italie.

Labienus soumettait de nouveau les Trévires. Commius, poursuivi dans un combat, blessa dangereusement ce Volusenus par qui Labienus avait voulu le faire assassiner ; mais, toujours sur le point de tomber entre les mains de ses ennemis implacables, il fit proposer à Marc-Antoine, l’ami de César, de vivre dans la retraite, si l’on voulait lui garantir sa tranquillité. On accepta ses offres, qui rendirent la paix à la Belgique : déjà la Celtique et l’Armorique étaient soumises.

Des murs d’Uxellodunum, César passa dans l’Aquitaine, où il ne trouva point de résistance. Il prit des ôtages, et revint à Narbonne.

Toutes les Gaules étant asservies, il ne s’agissait plus que de les contenir. César disposa ses dix légions de manière à veiller facilement sur tous les points du territoire.

Il en plaça quatre dans la Gaule Belgique ; deux chez les Ædues, à qui sa faveur donnait un grand crédit ; deux chez les Turones, entre les confins des Carnutes et ceux de l’Armorique, pour contenir toute la contrée jusqu’à l’Océan ; les deux dernières furent postées sur la frontière des Pictons et des Arvernes. Lui-même prit ses quartiers d’hiver à Nemetocenne chez les Bellovakes. Cette ville, que plusieurs savans prennent pour Arras, ne peut être que Nancel dans le Soissonnais, si toutefois Nemetocenne a laissé quelques traces.

César, guerrier si terrible, juge si sévère, quand on voulait se soustraire à son obéissance, était, pour qui consentait à se soumettre, le chef le plus caressant et le maître le plus doux. On le voit traiter les villes avec de grands honneurs ; il gagne les princes par des présens magnifiques, et surtout évite de charger les peuples d’un impôt trop lourd. On ne doit donc pas être surpris que les Gaules fatiguées de tant de combats inutiles, se décident enfin à subir sa domination.

Il employa neuf années à subjuguer des peuples qui n’avaient pu chasser de chez eux les Cimbres et les Germains.

Les Gaulois paraissent avoir opposé plus de résistance à César qu’à ces Barbares, dont les incursions n’étaient que des fléaux passagers. Ils commencèrent à se réunir contre lui dès la seconde campagne, aussitôt qu’ils apprirent que César voulait les assujettir ; mais, trop divisés entre eux, ils ne parvinrent à former une confédération générale qu’à la septième campagne, et alors il était trop tard.

Dans cette lutte sanglante, plusieurs Gaulois perdirent généreusement la vie. Tels furent Dumnorix, Indutiomar, Cingetorix, Camulogène, Correus et Saladus. Acco et Guturvatus périrent livrés au supplice ; Cativulke s’empoi-