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Dans ce péril, César crut devoir se rapprocher de la province romaine. Sa marche parut une fuite. Vercingetorix, craignant que l’ennemi ne lui échappât, manqua lui-même à son plan, et osa former une attaque. Ses troupes sans discipline et sans expérience ne purent tenir contre les légions. On fit un prodigieux carnage ; Crotus, Cavarillus, Époredorix, tous trois chefs æduens, furent faits prisonniers.

Vercingetorix se porta vers Alesia (Alise), capitale des Mandubes, située sur le sommet d’un mamelon escarpé[1]. Alesia, par sa position, devait passer chez les Gaulois pour une place imprenable, et Vercingetorix, qui tant de fois avait ordonné de brûler les villes, crut qu’il pourrait protéger celle-ci avec quatre-vingt mille hommes d’infanterie et quinze mille cavaliers.

À son arrivée, il se posta sur la montagne sous les murs de la ville, du côté de l’orient, et se couvrit d’un fossé et d’un rempart revêtu d’un mur de pierres sèches de six pieds de hauteur.

César, l’ayant suivi de près, se trouva le lendemain en vue d’Alesia. Il reconnut d’abord que le poste de Vercingétorix était hors d’insulte ; mais il ne crut pas impossible d’enfermer son ennemi sur cette montagne, en l’entourant de bonnes lignes, et de le forcer ainsi ou à décamper à temps, ou à subir les suites d’une disette inévitable.

César, en exposant les circonstances de cette grande entreprise, décrit avec beaucoup de clarté l’assiette des lieux, et toute la disposition du local. « La ville même, dit-il, était située sur le haut d’un coteau fort élevé, de sorte que César crut ne pouvoir l’emporter autrement que par un siége en forme. Au pied du coteau coulait de chaque côté une rivière ; il y avait devant la ville une plaine d’environ trois mille pas (géométriques) de long ; tout le reste était environné de coteaux peu éloignés de la place et aussi élevés que celui sur lequel elle était assise. »

En jetant les yeux sur la carte, on reconnaîtra dans le mont Auxois, où est aujourd’hui Alise, près de Sainte-Reine, le coteau élevé dont parle César. Les deux petites rivières qui coulent selon la direction indiquée dans le texte, sont la Loze et l’Ozerain. Les hauteurs que César désigne comme entourant en partie la montagne d’Alesia marquent, du côté du nord, celles qu’on rencontre entre Menestreux-le-Pitois et Bussy-le-Grand ; du côté de l’orient, on les reconnaît dans la hauteur qui est près de Darcey, et dans le mont Pevenelle ; vers le midi, se présente le mont Druaux, près de Flavigny ; enfin, entre cette dernière montagne et celle de Menestreux-le-Pitois, du côté de l’occident, on voit cette plaine que César évalue à trois mille pas romains.

Son armée comptait dix légions. Deux restées en arrière pour la garde des bagages, ne tardèrent pas à rejoindre. La cavalerie que César avait recrutée chez les Germains était aussi très-nombreuse. Appien d’Alexandrie la fait monter à dix mille hommes.

Le proconsul, ayant formé le dessein d’enfermer l’ennemi, commença par s’établir sur les hauteurs qui étaient peu éloignées de la ville. Deux légions placées sous les ordres d’Antistius Reginus et de Caninius Rebilus occupaient la montagne de Menestreux-le-Pitois ; il y en avait d’autres sur la hauteur entre Sauvigny et Darcey, sur le mont Pevenelle et sur le mont Druaux. Les camps de ces légions étaient fortifiés chacun séparément.

Cette disposition terminée, César

  1. Voyez l’Atlas.