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large marais qui s’étendait vers le nord entre la rivière et plusieurs collines ; de grands prés, très-humides, qui, au sud-ouest, bordaient la rivière, servaient encore à défendre cette position.

Tandis que l’assemblée des Gaules se rend à Lutèce par l’ordre de César, il passe chez les Sénons, les surprend ; mais ce peuple lui demande grâce. Les Sénons se font protéger auprès de lui par les Ædues, alliés des Romains. César exige cent otages qu’il confie aux Ædues. Les Carnutes effrayés supplient les Rèmes d’intercéder pour eux, et César les soumet aux mêmes conditions.

Le proconsul aurait bien voulu porter d’abord la guerre chez les Trévires, qui paraissaient encore plus animés que les autres Gaulois ; il jugea toutefois plus avantageux de commencer par soumettre les Sénons et les Carnutes, déjà très-puissans par eux-mêmes, et dont la position au centre des Gaules devenait encore favorable pour se procurer des alliés. D’ailleurs il connaissait le danger de laisser derrière lui de tels ennemis.

Les Sénons et les Carnutes étant contenus, César revint à Lutèce présider l’assemblée des Gaules ; il en exigea de la cavalerie, et repartit aussitôt pour attaquer Ambiorix et Cativulke, qui seuls paraissaient encore vouloir lui résister. Commius, roi des Atrebates, et Cavarinus, rétabli chez les Sénons, régnaient, malgré ces peuples, par l’ordre du proconsul. Ils l’accompagnèrent avec un corps de cavalerie.

César prévoyait qu’Ambiorix éviterait de le combattre ; il ne marcha donc pas de suite contre lui. Avant même d’attaquer son pays, il voulut priver le chef de tout asile. Sous l’escorte de deux légions, il envoya les bagages de l’armée à Labienus, qui se trouvait dans le pays de Trèves, et avec les cinq autres, il parut chez les Ménapes, qui, à son approche, se retirèrent dans des bois et dans des marais.

Les Romains entrent dans ce pays par trois endroits à la fois, enlèvent les bestiaux, les hommes même restés dans la campagne, et, par leurs dévastations, forcent les habitans à demander la paix. Après avoir reçu deux des otages, et l’assurance qu’ils ne donneraient point d’asile à Ambiorix, César laisse Commius dans cette contrée marécageuse pour contraindre les Ménapes à tenir leurs promesses. Il marche alors contre les Trévires.

Cette partie de la Gaule lui tenait à cœur, moins pour la subjuguer que pour assouvir sa vengeance contre Ambiorix, et lui ôter toute espérance de retraite. César désirait ardemment atteindre ce chef des Éburons ; mais l’entreprise n’était pas facile, parce que Ambiorix, trop faible pour lui résister ouvertement, venait de former des alliances, et que, chassé de son propre territoire, il avait ailleurs une retraite assurée.

César savait également qu’il se refuserait d’en venir aux mains, même joint à ses alliés. Ainsi, pour lui ôter tout moyen d’échapper, le proconsul commence par attaquer les Ménapes ; ceux-ci vaincus, il marche contre les Trévires, les soumet encore, et enjoint à ces deux peuples de ne point recevoir chez eux le fugitif.

En l’absence de César, les Trévires avaient déjà éprouvé un échec considérable contre un de ses lieutenans. Ils venaient de rassembler des troupes nombreuses et devaient attaquer Labienus qui, avec une seule légion, hivernait sur leurs frontières, lorsque, arrivés à deux jours de marche du camp romain,