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tenait toujours prêt dans le dépôt un grand nombre de recrues pour alimenter son armée ; et non content des chevaux que la province Romaine et les alliés étaient obligés de lui fournir pour ses remontes, il en achetait en Espagne et en Italie, de ses propres deniers.

Malgré toutes ces précautions ses légions étaient souvent incomplètes. Dans la guerre des Gaules, il combat une fois à la tête de deux de ces corps qui formaient à peine sept mille hommes. À la bataille de Pharsale presque toutes ses légions se trouvaient réduites de moitié.

On ne saurait douter que l’extrême célérité de César dans ses marches et pendant ses opérations n’ait entraîné plusieurs inconvéniens, et coûté la perte de beaucoup de monde. Quelquefois il partait pour une expédition avant d’avoir pu terminer ses préparatifs. Mais on voit que ce grand homme aimait mieux combattre avec moins de troupes que de perdre du temps ; il avançait toujours hardiment à la tête de son armée, étonnait l’ennemi, et le laissait incertain sur la grandeur réelle de ses forces. Le début de la guerre civile par le passage du Rubicon, et la manière dont il ouvrit ses campagnes d’Épire et d’Afrique, en fournissent des exemples frappants.

César employa un nombre considérable de troupes légères. Elles se composèrent de Crétois qui passaient pour très-bons archers ; d’insulaires des Baléares, renommés pour leur grande dextérité dans le maniement de la fronde ; ses conquêtes dans les Gaules lui fournirent encore les moyens de choisir parmi les habitants du pays.

L’armée la plus complète fut, selon Appien, celle que César avait rassemblée pour l’expédition qu’il projetait contre les Parthes. Il y eut, dit-il, seize légions, un bon corps d’archers et d’autre infanterie légère, une cavalerie suffisante, en un mot tout l’appareil de la guerre s’y trouva dans sa plus grande perfection. Le génie de César lui aurait sans doute inspiré des méthodes et des manœuvres fort au-dessus de celles des généraux qui l’avaient précédé, et dignes de servir de modèles. Il mourut avant de réaliser son projet. Examinons cependant sa conduite militaire dans les Gaules.

Les Belges qui habitaient au septentrion, par delà les rives de la Seine et de la Marne, n’avaient souffert ni de l’excursion des Cimbres, ni de celle des Helvètes. Moins affaiblis que les autres Gaulois, ils sont dépeints par César comme plus farouches.

Les premiers, ils s’indignèrent en voyant les légions romaines hiverner au milieu des Gaules ; et cependant ils avaient souffert que les Germains y résidassent quatorze années ; mais ils pensèrent sans doute pouvoir en chasser plus facilement les Romains.

César en fut averti : aussitôt il quitte l’Italie, et déjà il se montre dans la Séquanie à la tête de ses légions, qu’on le croit encore sur les bords de l’Éridan ou du golfe Adriatique (an 697 de Rome ; 57 av. notre ère). Il passe la Marne avec la même célérité, et paraît au milieu des Belges effrayés de sa diligence. Les Rèmes qu’il sait adroitement gagner lui donnent des otages, et promettent de servir les Romains.

Ils apprirent à César que la plupart des Belges venaient des climats situés au delà du Rhin ; qu’ils avaient chassé jadis de la Gaule les habitans dont ils occupaient le territoire, et que leur bravoure était si rénommée, que les Cimbres, qui ravagèrent tant de contrées, n’osèrent pas les attaquer.

Les Rèmes communiquèrent au pro-