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2.

Lorsque César fut déclaré par un décret du peuple gouverneur de la Gaule Cisalpine, il obtint le commandement de trois légions qui s’y trouvaient alors. Le sénat en ajouta une autre de la Gaule Narbonnaise, dont l’administration lui fut en même temps conférée. Ces troupes jouissaient d’une grande réputation.

César et Hirtius nomment les trois légions Cisalpines, la septième, la huitième et la neuvième. Celle que la république entretenait dans la Gaule Narbonnaise s’appelait la dixième légion.

Bien qu’elles fussent toutes composées de Gaulois qui avaient le droit du Latium, on ne les regardait pas moins à Rome comme des troupes Barbares. À la vérité l’insolence et la férocité de ces vieilles bandes étaient extrêmes. Toutes les séditions dont parlent les écrivains des guerres civiles furent excitées par elles ; de sorte que César eut besoin d’une grande fermeté pour les contenir.

Nous avons vu comment le proconsul saisit avidement l’occasion que les Helvètes lui fournirent de faire la guerre. Cependant, comme il ne croyait pas son armée assez nombreuse pour exécuter les projets qu’il méditait, il ordonna de grandes levées dans la Province Romaine, et lui-même retourna en Italie pour y former deux nouvelles légions.

On les leva avec tant de promptitude que dans le même printemps César put leur faire passer les Alpes. Le proconsul rassembla aussi un corps de quatre mille chevaux que la Province et quelques peuples alliés lui fournirent ; et ce fut avec ces six légions et cette cavalerie qu’il battit les Helvètes, et gagna la grande bataille contre Arioviste.

Ces deux nouvelles légions reçurent le nom de onzième et celui de douzième, bien que dans ce temps même la république en entretînt au moins vingt-une, parmi lesquelles il devait y avoir deux numéros semblables ; mais on peut croire que les différens corps de l’Asie n’avaient aucun rapport avec ceux qui servaient en Europe.

Dans cette seconde année de son gouvernement César, voulant répondre aux grands préparatifs que les Belges faisaient pour la guerre, mit son armée sur le pied de huit légions. Les deux nouvelles qu’il leva pour cet effet dans la Gaule Cisalpine, joignirent encore l’armée le même été, et furent présentes à la sanglante bataille qu’il livra aux Nerves pendant cette campagne. Le proconsul ne s’y fiait pas encore assez, et les employa aux bagages. Elles reçurent le nom de treizième et de quatorzième légion.

Il est question du danger que la treizième légion courut lorsqu’une grande armée de Gaulois se préparait à investir César dans ses quartiers d’hiver. Il nous dit aussi qu’elle fut envoyée dans la Lombardie pour remplacer celle qu’il remit à Pompée. La quatorzième, se trouvant dans le pays de Liége, sous les ordres de Cotta et de Titurius, fut entièrement taillée en pièces par les troupes d’Ambiorix. Une pareille perte, et celle de cinq cohortes surnuméraires, réduisirent l’armée de César à sept légions.

Cet événement, nous le verrons plus bas, arrivait précisément au milieu de la guerre, à l’époque où les grands succès acquis par le proconsul dans cinq campagnes, loin d’abattre les Gaulois, semblaient au contraire animer leur courage, et les exciter à de nouveaux efforts. César eut recours à Pompée qui venait d’obtenir le gouvernement de l’Espagne, avec le pouvoir de lever au-