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Le cruel Teutatès ne peut être apaisé
Si du sang des humains l’autel n’est arrosé.
Ilesus et Taranis ont plus de barbarie
Que n’en eut la Diane adorée en Scythie.
C’est dans un antre obscur, c’est au fond des forêts
Que des Dieux le Druide annonce les décrets.
Si j’en crois ses discours, les pâlissantes ombres
N’habitent point l’Érèbe et les royaumes sombres ;
L’esprit qui régissait les membres de leurs morts,
Dans un monde inconnu va survivre à leurs corps.
Mourir, c’est donc passer dans cette courte vie
Vers une autre plus pure, en durée infinie.
Heureux par cette erreur, les habitans du Nord
Vivent débarrassés des craintes de la mort.
Plus hardis dans la guerre, exempts de nos alarmes,
Ils courent se jeter sur la pointe des armes ;
Ils n’ont point d’intérêt à conserver des jours
Qui, vainement tranchés, renaissent pour toujours.

Les femmes des Druides partageaient avec leurs maris les fonctions du sacerdoce. On dit qu’elles égorgeaient quelquefois des victimes humaines ; et il est certain que les femmes des prêtres de la Bretagne et de la Germanie s’acquittaient elles-mêmes de ce ministère sanglant.

Les Gaulois avaient quelques vierges sacrées, mais en petit nombre, comme tous les peuples de l’antiquité. On ne comptait chez les Romains que six vestales ; encore la sagesse de ce peuple avait-elle permis que leur vœu de chasteté fut révocable au bout de quelques années.

Dans toute la Grèce on ne trouve que deux femmes vouées au célibat par principe de religion. L’une était la prêtresse de Delphes ; l’autre, celle de Junon Athénienne. Le Parthénon était une maison de vierges consacrées à Minerve ; mais ces jeunes filles, desservant les autels de la sagesse, ne contractaient point le fol engagement de vieillir dans le célibat.

Les vierges sacrées de la Gaule habitaient différens sanctuaires situés dans des îles. Elles étaient mariées, et allaient une fois par année sur le continent pour s’acquitter du devoir conjugal.

Tout le corps du clergé gaulois, composé de plusieurs familles et soumis à un seul chef ; se trouvait partagé en trois classes, dont chacune avait sa direction particulière ; les Druides devins, les simples Druides, et les Bardes.

C’est à peine si l’on regardait ces derniers comme membres du collége des Druides. Ils n’étaient chargés d’aucun ministère sacré, leur fonction principale étant de transmettre de vive voix aux jeunes gens les poèmes qui renfermaient la doctrine, et que l’ignorance, la superstition, l’orgueil et les préjugés ne permettaient pas d’écrire.

Le régime des Druides paraît assez conforme à celui des Mages de la Perse ; les uns et les autres avaient des possessions territoriales, des assemblées, des conférences, une hiérarchie et un souverain Pontife. Les Mages ont laissé d’excellentes observations astronomiques, dont l’école d’Alexandrie a profité ; mais les Druides, qui se vantaient de connaître les lois qui régissent le cours des astres, que nous ont-ils transmis qui puisse prouver la vérité de leurs allégations ?

Après avoir lu et comparé tout ce que César, Strabon, Diodore de Sicile, Plutarque, Lucain, Pline, Pomponius Mela, Ammien Marcellin et quelques autres écrivains nous apprennent du dogme et du culte des Gaulois, on est un peu surpris des immenses volumes écrits à ce sujet par les modernes, et de la hardiesse avec laquelle plusieurs érudits ont défiguré l’histoire pour établir des systèmes.

Chiniac ose dire dans une savante académie que les premiers Gaulois n’adoraient qu’un seul Dieu ; mais que ce dogme d’unité s’était perdu chez eux, même avant la conquête des Romains.

Le moine Noël Talepied, plus hardi encore, fabrique avec une grande impu-