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soldats de l’univers, et de l’autre, cerner ses états au moyen de flottes nombreuses qui lui ôtaient toutes les facilités pour ses communications et sa défense.

Si Mithridate, malgré sa cruauté, ses vices et ses nombreuses défaites, n’avait pas montré un personnage des plus redoutables, il ne recevrait pas, de la part des Romains, tant de blâmes ni tant d’éloges ; son nom ne serait pas devenu si long-temps pour eux un sujet d’inquiétude et de terreur.

Alarmés de ses progrès, les Romains avaient nommé Sylla général des troupes destinées à le combattre. Mais les guerres civiles retenaient Sylla dans Rome ; et ce fut seulement lorsque la faction, dont il était le chef, eut chassé ses adversaires, que Sylla put songer à la Grèce. Le trésor public était épuisé, il fit fondre les vases sacrés de Numa, qui produisirent neuf mille livres pesant d’or.

Le consul passe la mer, s’avance par l’Italie et la Thessalie, en tire une grande quantité de vivres et des troupes auxiliaires, entre en Béotie sans trouver de résistance, et pénètre jusque dans l’Attique. On n’y voyait plus ces Grecs dont nous avons parlé, célèbres par leur courage et leurs talens militaires ; ceux-ci se donnèrent à Sylla aussi aisément qu’ils s’étaient rendus à Mithridate. Athènes seule refusa de se soumettre ; et encore cette résistance fut-elle moins inspirée par l’amour de la patrie que par la crainte de la tyrannie d’Aristion.

Sylla marchait sur Athènes ; Archélaüs, lieutenant de Mithridate, sortit avec Aristion, et tous deux allèrent au devant du consul ; ils furent battus. Aristion rentra dans Athènes, et Archélaüs se fortifia dans le Pyrée. Les murailles de ce port, ainsi que celles qui le joignaient à la ville, bâties par Périclès, dans les siècles brillans de la république, étaient d’une grande solidité.

Les Romains donnèrent l’assaut. Cette entreprise n’eut pas tout le succès que l’on pouvait en attendre ; mais pendant cette attaque, une partie de la muraille qui communiquait du Pyrée à la ville, fut abattue, et Sylla se servit des décombres pour s’établir dans cet endroit. La communication étant coupée, la disette ne tarda pas à se faire sentir dans Athènes qui ne pouvait recevoir de vivres que par la mer.

Depuis long-temps, la caisse militaire était épuisée ; Sylla fit enlever les trésors des temples. Les sommes qu’il en tira, le mirent en état de pousser les deux siéges avec vigueur. Deux esclaves du Pyrée écrivirent sur des balles de plomb ce qui se passait de plus important dans la place, et les lancèrent par dessus les murs jusqu’au camp des Romains. Sylla profita de ces avis, et sut en tirer un grand avantage.

Archélaüs voyant les travaux s’avancer journellement, fit élever des tours pour n’être pas dominé par celles de l’ennemi. Il appela aussi de nombreux renforts ; tenta une sortie vers la seconde veille de la nuit, avec des torches allumées, et brûla les principales machines des Romains. Sylla en fit construire de nouvelles, et au bout de douze jours se trouva en état de battre la place.

Dans la crainte que la partie du mur attaqué ne put résister, Archélaüs traça un retranchement intérieur, et y éleva encore une tour. Enfin Mithridate ayant envoyé des secours, le général de Pont sortit avec toutes ses troupes, les rangea en bataille sous les murs de la place, et fut encore battu.

La saison s’avançait. Le consul, ne voulant pas abandonner l’entreprise, dut songer à se retrancher. Malgré les ef-