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trois députés aux Gaulois, afin d’apprendre d’eux quels étaient ces nouveaux ennemis dont elle n’avait point encore entendu parler.

Les députés dirent aux Gaulois que les Clusins étaient alliés de Rome, et qu’ils se gardassent bien de les attaquer ; mais cette menace, qui aurait pu imposer aux villes d’Italie, ne fit qu’animer ces barbares. Ils répondirent qu’ils ne demandaient que des terres incultes ; on ne put se concilier. Les trois députés étaient frères et descendaient de la célèbre famille des Fabius. Ils passèrent du camp des Gaulois dans celui des alliés, combattirent avec eux ces conquérans barbares, et tuèrent même un de leurs chefs.

Les Gaulois irrités levèrent le siége de Clusium et marchèrent sur Rome : ils exigeaient qu’on leur livrât les trois Fabius. Les Romains, dont le caractère n’était ni flexible, ni timide, répondirent que ces trois frères seraient bientôt près d’eux. Les deux armées s’avancèrent l’une contre l’autre, et se rencontrèrent sur les bords de l’Allia.

Comme c’est la première fois que l’on voit en présence ces deux peuples, destinés à devenir si célèbres, bien qu’ils fussent presque également inconnus encore au reste du monde, cette grande époque a fixé les yeux de tous les historiens.

Polybe, le plus ancien de tous ceux qui nous en parlent, n’entre à cet égard dans aucun détail. Cette circonspection d’un écrivain aussi éclairé que Polybe, doit nous tenir en garde contre les récits trop circonstanciés, que Tite-Live, Plutarque et Diodore de Sicile en ont faits plusieurs siècles après.

Florus dit que ces Barbares, par la hauteur de leur stature, la longueur de leurs armes, et la férocité de leur caractère, semblaient être nés pour la destruction du genre humain. Il est certain que leur aspect étonna.

Les citoyens de Rome prirent les armes et réunirent quarante mille hommes. Les Gaulois, qui en comptaient à peine trente mille sous les murs de Clusium, se trouvèrent bientôt au nombre de soixante mille ; car les armées qui ne combattent que pour piller, se recrutent bien plus facilement que les troupes soumises à une discipline sévère.

Brennus commandait toujours les Gaulois. Après un combat terrible, les Romains furent vaincus, et leurs légions essuyèrent la déroute la plus complète.

L’effroi fut général ; personne n’osait rester dans Rome ; vieillards, femmes, enfans, esclaves, vestales, chacun s’enfuit ; chacun se retire en toute hâte dans les villes voisines que l’on croit plus éloignées de l’ennemi, ou mieux fortifiées. Cependant quelques débris du corps des citoyens s’enferment dans le Capitole.

Trois jours après leur victoire, les Gaulois entrèrent dans la ville (ans 364 de Rome ; 390 av. notre ère.). Ils n’y trouvèrent que des sénateurs qui, accablés par l’âge, ou trompés par leurs préjugés, ne voulurent point quitter Rome, et y furent massacrés par les vainqueurs.

Les Gaulois gardèrent la ville pendant sept mois entiers, et au lieu de chercher à s’assurer leur conquête, ils perdirent ce temps précieux à piller, et à tenter de gravir les rochers du Capitole.

Les Romains, au contraire, s’accoutumèrent à voir ces Barbares et à les combattre. Camille, le vainqueur de Veïes, rappelé de l’exil où une faction l’avait envoyé, rassemble les troupes dispersées. C’est à prix d’argent, il est vrai, que l’on décide Brennus à se retirer ; mais Camille suit les Gaulois dans leur retraite, les bat, les met en déroute, les force à se retirer dans l’Ia-