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POLYBE, LIV. XL.

il méritait de l’être. On ne se lassait pas d’admirer sa modération, son désintéressement, sa douceur, et l’on admirait d’autant plus ces vertus que la Grèce, maître comme il en était, lui fournissait plus de facilité à s’enrichir. Si quelquefois il s’est écarté de sa modération ordinaire, comme quand il fit massacrer la cavalerie de Chalcis, je crois qu’on doit moins lui imputer cette faute qu’aux amis qui le suivaient. (Vertus et Vices.) Dom Thuillier.


II.


Ptolémée, roi de Syrie.


Ce prince mourut d’une blessure qu’il reçut dans un combat. Selon quelques-uns, c’était un roi digne de grands éloges ; selon d’autres, il n’était digne d’aucun. Il est vrai cependant qu’il était doux et humain autant que jamais roi l’ait été. En voici des preuves. Jamais il ne fit mourir aucun de ses amis, quelque accusation qu’on intentât contre eux. Je ne sache pas non plus que personne à Alexandrie ait été tué par son ordre. Presque chassé du royaume par son frère, quoiqu’il lui fût aisé de se venger à Alexandrie, il lui pardonna sa faute. Il le traita avec la même douceur après son entreprise sur l’île de Chypre. Quoiqu’il fût entre ses mains à Lapithe, loin de le punir comme ennemi, il ajouta des gratifications à celles qu’il était convenu de lui faire, et promit de lui donner sa fille en mariage. D’un autre côté, les heureux succès lui amollirent le courage. La mollesse et la volupté, vices ordinaires aux Égyptiens, s’emparèrent de son cœur et l’entraînèrent dans de grands malheurs. (Ibid.)


III.


Polybe, à la fin de son ouvrage, s’exprime ainsi : Après avoir accompli cette tâche, je revins de Rome comme ayant mis le comble à mes précédens actes politiques ; je n’avais agi d’ailleurs que par amitié pour le peuple romain. Aussi j’adresse des vœux à tous les dieux pour passer à Rome le reste de mes jours, et pour voir la république demeurer au même degré de splendeur ; pour voir même cette fortune éclatante, objet de l’envie des hommes, devenir plus solide à mesure que chaque citoyen s’estimera plus heureux et plus tranquille. Jusqu’à présent les dieux ont voulu que les choses allassent ainsi. (Ibid.)


Parvenu au terme de mon ouvrage, je veux, me rappelant ce que je me proposais au début, récapituler l’œuvre entière, et lier le commencement à la fin, soit par des généralités, soit par des analyses. Nous avons dit d’abord que nous prendrions les choses où Timée les avait laissées. Parcourant alors sommairement les événemens de l’Italie, de la Sicile et de l’Afrique, seuls lieux dont Timée ait fait l’histoire, quand nous en sommes venu à l’époque où Annibal prit le commandement des forces carthaginoises, où Philippe succéda à Démétrius en Macédoine, où Antiochus montait sur le trône de Syrie en même temps que Ptolémée Philopator montait sur le trône d’Égypte, nous avons annoncé à nos lecteurs que cette époque était notre point de départ, et, qu’à compter de la cent trente-neuvième olympiade nous rapporterions les faits généraux de l’histoire du monde, citant par olympiades, subdivisant par années, et rapprochant tous les faits en