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POLYBE, LIV. XXXVIII.

raison qu’il faut consulter. Mais quant aux choses dont la cause est insaisissable et invisible, on en peut raconter une qui arriva aux Macédoniens : ceux-ci avaient reçu des Romains de grands bienfaits..... d’abord, en matière publique, délivrés de leurs magistratures..... en particulier..... de la cruauté..... de la ruine..... et des entreprises du faux Philippe..... Les Macédoniens donc, d’abord avec Démétrius, puis avec Persée, combattirent les Romains et furent vaincus ; et avec un homme sans moyens, pour le trône duquel ils combattaient, ils furent vainqueurs. Qui ne serait embarrassé à dire d’où vient cela ? la cause en est impénétrable. C’est là qu’on peut accuser la destinée et la colère des dieux irrités contre la Macédoine, et ce qui doit suivre nous en donnera la preuve. (Angelo Mai et præsertim Jacobus Geel, ubi suprà.)




FRAGMENS
DU

LIVRE TRENTE-HUITIÈME.


I.


Origine de la haine des Romains contre les Achéens.


À leur retour du Péloponnèse, Aurélius et ses collègues rapportèrent ce qui leur était arrivé. Représentant, non comme une émotion soudaine, mais comme un complot prémédité, le péril où ils avaient été exposés, ils peignirent, avec les couleurs les plus noires, la prétendue insulte que les Achéens leur avaient faite. À les entendre, on ne pouvait tirer de ce forfait une vengeance trop éclatante. Le sénat en parut en effet très-indigné, et députa sur-le-champ Julius dans l’Achaïe ; mais il était chargé de se plaindre modérément, et d’exhorter plutôt les Achéens à ne pas prêter l’oreille à de mauvais conseils, de peur que, par imprudence, ils n’encourussent la disgrâce des Romains, malheur qu’ils pouvaient éviter en punissant eux-mêmes ceux qui les y avaient exposés. Ces ordres font voir évidemment que le dessein du sénat n’était nullement de détruire la ligue des Achéens, mais seulement de châtier l’orgueilleuse aversion que cette ligue avait pour les Romains. Quelques-uns se sont imaginé que les Romains auraient pris un ton beaucoup plus impérieux si leur guerre contre Carthage eût été terminée ; mais c’est une pensée sans fondement. Ils aimaient depuis long-temps la nation achéenne, et il n’y en avait point en Grèce en qui ils eussent plus de confiance. En la menaçant d’une guerre, ils n’avaient d’autre vue que d’humilier son orgueil qui les choquait ; mais de prendre les armes contre elle, et de rompre avec elle sans retour, c’est à quoi jamais ils n’avaient pensé. (Ambassades.) Dom Thuillier.