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POLYBE, LIV. XXXVII.

après la mort de ce roi, et mit ordre aux affaires de la succession. (Ibid.)


Polybe raconte que Massinissa mourut à l’âge de quatre-vingt-dix ans, laissant un fils âgé de quatre ans, né de lui. Peu de temps avant sa mort, après le combat dans lequel il avait vaincu les Carthaginois, on le vit le lendemain à la porte de sa tente mangeant un pain noir. Quelqu’un lui ayant demandé pourquoi il en agissait ainsi, il répondit que par là il voulait..... (Plutarch. an Seniori capessenda sit Respubl.) Schweigh.


V.


On nous demandera peut-être pourquoi nous ne nous sommes pas étudié à reproduire les harangues particulières, puisque nous avons entre les mains cette matière féconde, et pourquoi, à l’exemple du plus grand nombre des historiens, nous ne faisons point entrer dans nos ouvrages les discours prononcés de part et d’autre. Je répondrai qu’en citant dans plusieurs endroits de mon histoire les paroles et les préceptes d’hommes politiques, j’ai assez fait voir que je ne dédaigne point cette matière. Mais ce n’est pas celle qu’en toute occasion je préfère, et je tiens à le prouver. On trouverait difficilement, je l’avoue, un sujet plus brillant et plus abondant ; j’ajouterai même que je suis plus apte que personne à le traiter ; mais aussi je suis d’avis qu’il ne convient pas aux hommes politiques de composer et de prononcer, sur toutes les questions, de longs et pompeux discours ; je crois, au contraire, qu’ils doivent ne se servir que de paroles simples et appropriées aux circonstances. Je pense encore qu’il ne convient pas davantage aux historiens de travailler les phrases qu’ils ont entendues ou recueillies, pour faire montre de leur talent ; mais que leur devoir est de reproduire ce qui a été dit véritablement et d’éclaircir les faits importans. (Angelo Mai, et præsertim Jacobus Geel, ubi suprà.)


VI.


Cet avis étant bien arrêté dans l’esprit de chacun, ils cherchaient une circonstance favorable et des prétextes plausibles pour le public. C’est surtout de quoi les Romains s’inquiétaient, les Romains qui sont des hommes habiles ; car l’entreprise d’une nouvelle guerre, selon l’opinion de Démétrius, lorsque cette guerre est juste, rend les victoires plus profitables, et répare les défaites ; mais est-elle basée sur de misérables motifs, elle produit des résultats contraires. C’est par cette raison que les Romains, n’étant point encore fixés sur l’opinion publique, différèrent un peu la guerre. (Ibid.)


VII.


Quand les Romains firent la guerre aux Carthaginois, bien des bruits différens coururent sur eux, sur le faux Philippe et sur la Grèce, mais d’abord sur les Carthaginois et ensuite sur le faux Philippe. Ce fut surtout au sujet des premiers que les avis étaient les plus partagés. Les uns penchaient pour les Romains, alléguant que l’habitude du pouvoir leur donnait une grande supériorité en matière de gouvernement ; ils se trouvaient intéressés d’ailleurs à faire cesser la crainte qui était toujours suspendue sur leur tête, et voyaient dans la destruction d’une ville qui avait disputé l’empire du monde, et qui, avec