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ARRIEN, LIV. VI.

Il marche ensuite lui-même contre une autre ville des Brachmanes, où les Malliens s’étaient renfermés ; la phalange serrée enveloppe les murs ; on en sape le pied ; on fait pleuvoir sur les habitans une grêle de traits ; ils quittent les remparts et se réfugient dans le fort.

Quelques Macédoniens y entrent pressés avec eux ; mais les Barbares se rassemblant, et faisant volte face, les repoussent, et en tuent vingt-cinq dans leur retraite. Alexandre fait avancer les échelles et battre le fort : une tour, en s’écroulant, entraîne la chute d’une partie du rempart. Alexandre paraît sur la brèche. À cette vue, honteux d’être devancés, les Macédoniens montent de toutes parts. Ils étaient déjà maîtres de la citadelle, lorsque les Indiens mettent le feu aux maisons ; les uns se précipitent dans les flammes, les autres sur le glaive : on en tua cinq mille ; on ne fit presque point de prisonniers ; ces braves préférèrent une mort glorieuse.

Alexandre ayant fait reposer un jour son armée, marche le lendemain contre quelques Malliens qui, après avoir abandonné leurs villes, s’étaient retirés dans les déserts. Il s’y arrête un jour ; le lendemain il fait rebrousser Python et l’hipparque Démétrius vers le fleuve à la tête de leurs troupes et de l’infanterie légère, avec ordre de tuer, s’ils refusent de se rendre, tous ceux qu’ils rencontreront dans les bois qui bordent les rives ; cet ordre est exécuté.

Cependant Alexandre se dirige vers la capitale des Malliens, où les débris fugitifs des autres villes s’étaient réfugiés ; à son approche elle est abandonnée, les Malliens traversent l’Hydraotès, et se rangent en bataille sur le rivage escarpé pour en disputer le passage. Alexandre y marche aussitôt à la tête de sa cavalerie, l’infanterie le suit.

À la vue des ennemis rangés en bataille sur l’autre bord, et sans attendre la phalange, il poursuit sa route à travers le fleuve avec la cavalerie. Épouvantés de son audace, les Indiens se retirent précipitamment, mais en bon ordre. Alexandre les poursuit. Les Indiens, ne voyant avec lui que la cavalerie, se retournent, combattent et se défendent avec vigueur, ils étaient près de cinquante mille.

Alexandre les voyant serrés, et n’ayant point sa phalange, se borne à quelques escarmouches, sans engager une action générale. Arrivent les Agriens, les troupes légèrement armées, les archers qui faisaient partie de sa suite ; la phalange n’est pas loin. À cet aspect redoutable, les Indiens courent se réfugier près de là dans une place forte ; Alexandre les poursuit, en tue un grand nombre, renferme le reste dans la ville, qu’il fait cerner par sa cavalerie jusqu’à l’arrivée de l’infanterie. Il aurait donné l’assaut s’il eût resté assez de jour, et si ses troupes n’eussent point été fatiguées par une longue marche, le passage du fleuve et la poursuite de l’ennemi.

Le lendemain il forme deux divisions de son armée : il attaque avec la première, tandis que Perdiccas, à la tête de la seconde, donne l’assaut. Les Indiens cèdent la ville et se retirent dans le fort. Alexandre entre le premier dans la ville, après avoir brisé une des portes.

Perdiccas et sa division pénétrèrent plus tard ; les soldats n’ayant point approché les échelles, parce que trouvant les remparts sans défense, ils jugèrent que la ville était prise.

Dès que les Macédoniens voient les ennemis se défendre dans le fort, ils sapent aussitôt les murs, et courent de tous côtés saisir les échelles. Comme on tardait à les approcher, Alexandre, dans