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ARRIEN, LIV. III.

qu’il croyait dangereux de mettre dans les mains d’un seul. Les Romains ont suivi cette politique d’Alexandre, en ne confiant jamais le proconsulat de l’Égypte à un sénateur, mais à un chevalier.

Alexandre fait jeter des ponts sur tous les bras du Nil, et au printemps, part de Memphis pour la Phénicie. Il arrive à Tyr où sa flotte l’attendait ; sacrifie de nouveau à Hercule, et fait célébrer des jeux gymniques et dramatiques.

Une députation athénienne, Diophante et Achille abordent sur le vaisseau sacré. Les députés des villes maritimes s’y étaient réunis. Alexandre leur accorde leurs demandes, et rend aux Athéniens ceux de leurs concitoyens faits prisonniers à la bataille du Granique.

Sur la nouvelle que des troubles ont éclaté dans le Péloponnèse, il y fait passer Amphotère pour secourir ceux qui avaient tenu constamment pour lui, et refusé d’entrer dans la ligue des Lacédémoniens. Les Phéniciens et les Cypriens doivent, d’après ses ordres, équiper une flotte de cent voiles, qu’Amphotère mènera vers le Péloponnèse.

Pour lui, marchant en avant, il se dirige vers Thapsaque et l’Euphrate, après avoir laissé dans la Phénicie Céranus de Berroée, pour y percevoir les tributs ; Philoxène a la même commission en Asie, en-deçà du Taurus.

Harpalus de Machate, revenu depuis peu de son exil, leur succède dans l’administration du trésor royal. Harpalus, attaché à Alexandre du règne même de Philippe, avait été contraint de fuir avec Ptolémée, Néarque, Érygius et Laomédon son frère, alors qu’Alexandre était devenu suspect à son père, à la suite de la répudiation d’Olympias, remplacée par Eurydice.

Après la mort de Philippe, son fils rappelant tous ses partisans exilés, plaça Ptolémée dans sa garde, et confia ses finances à Harpalus, que sa faible constitution éloignait des emplois militaires. Érygius eut le commandement de la cavalerie des alliés. Laomédon son frère, instruit dans les deux langues, parut propre aux détails concernant les prisonniers faits sur les Barbares. Néarque fut nommé satrape de la Lycie et des contrées voisines jusqu’au mont Taurus.

Quelque temps avant la journée d’Issus, les conseils d’un homme pervers, de Tauriscus, qui finit ses jours en Italie auprès d’Alexandre, roi des Épirotes, entraînèrent Harpalus dans sa défection. Retiré à Mégare, Harpalus, sur la promesse qu’Alexandre lui donna d’oublier le passé, retourna vers lui. Loin d’en recevoir aucun mauvais traitement, il fut rétabli dans sa charge.

Ménandre, l’un des Hétaires, fut envoyé satrape en Lydie, et Cléarque lui succéda dans le commandement des troupes étrangères.

Asclépiodore remplaça, dans le gouversement de la Syrie, Arimnas déposé pour avoir usurpé la prérogative royale, alors qu’il fut chargé de faire les préparatifs pour la marche de l’armée au centre de l’Égypte.

Alexandre arrive à Thapsaque au mois hécatombéon ; Aristophane était alors archonte à Athènes.

Chap. 4. On avait commencé à jeter deux ponts sur l’Euphrate ; mais alors Mazée, chargé par Darius de défendre le fleuve, paraissant sur la rive opposée avec trois mille chevaux, dont deux mille stipendiés Grecs, les Macédoniens craignirent d’abord qu’on achevât cet ouvrage. Mais à l’approche du conquérant, Mazée ayant pris la fuite avec les siens, on termina les ponts sur lesquels Alexandre passa avec toute son armée.

Il s’avance à travers la Mésopotamie,

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