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ARRIEN, LIV. II.

gie, et marchant vers la Cappadoce, il soumet une grande partie du pays qui s’étend en-deçà du fleuve Halys, et au-delà. Sabictas en est établi satrape.

Alexandre marche vers les pyles Ciliciennes. Arrivé au camp de Cyrus (le jeune), auquel Xénophon s’était jadis réuni, et voyant le passage bien gardé, il y laisse Parménion à la tête de l’infanterie pesamment armée : lui-même, dès la première veille de la nuit, prenant avec lui les Hypaspistes, les Archers, les Agriens, s’avance vers le défilé pour surprendre ceux qui le gardaient. Son audace fut heureuse, quoiqu’elle fut découverte ; à la nouvelle de l’approche d’Alexandre le poste est abandonné.

Le lendemain, dès l’aurore, il franchit le passage avec toute son armée, et descend dans la Cilicie.

Il apprend qu’Arsame, qui avait d’abord voulu conserver la ville de Tarse au pouvoir des Persans, ne songeait plus qu’à l’abandonner sur le bruit de son arrivée, et que les habitans craignaient qu’il ne pillât la ville en la quittant. Alexandre double aussitôt sa marche à la tête de sa cavalerie et de ses troupes légères. Certain de son approche, Arsame fuit précipitamment vers Darius, sans avoir ruiné la ville.

Chap. 3. Alexandre tombe malade, selon Aristobule, par suite de ses fatigues ; et selon d’autres, pour s’être jeté à la nage, tout échauffé et couvert de sueur, dans les eaux du Cydnus, qui traverse la ville. Ce fleuve prend sa source dans les montagnes du Taurus ; il coule dans un lit pur, et roule des eaux limpides et froides. Le caractère de la maladie s’annonce par un spasme, une fièvre aiguë et l’insomnie. Tous les médecins désespéraient de sa vie ; le seul Philippe acarnanéen, qui suivit Alexandre, et avait sa confiance la plus intime, ordonne une potion médicale. Tandis qu’on la prépare, Parménion remet à Alexandre une lettre par laquelle on l’avertissait de se défier de Philippe ; que Darius l’avait engagé, à prix d’argent, d’empoisonner le roi. Alexandre tenait encore l’écrit, lorsqu’on apporta le breuvage : il le reçoit d’une main, et de l’autre présentant la lettre à Philippe, il vide la coupe d’un seul trait, tandis que le médecin lit. La physionomie de Philippe annonce qu’il espère bien de ce breuvage ; il ne laisse échapper, pendant la lecture, aucun signe de trouble ; il exhorte seulement Alexandre à suivre de tout point ce qu’il lui prescrira, que sa guérison doit en être le prix. Alexandre recouvra la santé, après avoir montré à Philippe un attachement imperturbable, et à ceux qui l’entouraient, quelle était sa confiance dans ses amis, et combien peu il craignait la mort.

Il envoie pour occuper les autres défilés qui séparent la Cilicie de l’Assyrie, Parménion, à la tête de l’infanterie auxiliaire, des Grecs à sa solde, des Thraces commandés par Sitalcès, et de la cavalerie thessalienne.

Il sort le dernier de Tarse ; un jour de marche le porte à Anchialton. Cette ville fut, dit-on, bâtie par Sardanapale, roi des Assyriens ; l’enceinte et les fondemens de ses murs annoncent que ce fut une ville considérable et puissante.

On y voit encore le tombeau de Sardanapale, sur lequel est élevée sa statue qui semble applaudir des mains : on y remarque une inscription en caractères assyriens, et qu’on assure être en vers, dont voici le sens :

Sardanapale, fils d’Anacyndarax, a fondé Anchialon et Tarse en un jour· passans, mangez, buvez, tenez-vous en joie ; le reste n’est que vanité ; c’est ce que semble indiquer la manière dont il claque des mains : l’expression tenez-