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ARRIEN, LIV. I.

accorde aux femmes le droit à l’empire, Hidriée, en mourant, avait laissé à la sienne l’administration de son royaume. Pexodare l’en avait chassée en s’emparant du pouvoir ; Orontobates, gendre de l’usurpateur, avait reçu du roi le gouvernement de la Carie. Ada n’en tenait plus qu’une seule ville bien fortifiée, Alinde, qu’elle livre au conquérant : dès qu’il paraît avec son armée, elle vient au-devant de lui, et l’adopte pour fils. Alexandre lui laisse le commandement de la place, ne la dédaignant point pour mère ; et maître de la Carie entière, par la ruine d’Halicarnasse, lui confie le gouvernement de toute la province.

Alexandre, par ménagemens pour ses soldats, renvoya ceux mariés depuis peu, passer l’hiver en Macédoine, dans leur famille, sous la conduite de Ptolémée, un des gardes de sa personne. Parmi les chefs de l’armée, Cœnus et Méléagre, nouvellement mariés, obtinrent la même permission. Alexandre leur enjoint, non seulement de ramener ses soldats, mais de recruter dans le pays le plus qu’ils pourraient d’infanterie et de cavalerie. Ces égards d’Alexandre lui concilièrent de plus en plus le cœur des Macédoniens.

Il envoie Cléandre faire des recrues dans le Péloponnèse ; et Parménion, qui prend le commandement des Hétaires, des chevaux thessaliens et d’autres auxiliaires, est chargé de conduire le bagage à Sardes, d’où il doit pénétrer en Phrygie.

Le roi marche lui-même vers la Lycie et la Pamphilie, pour s’emparer de toutes les côtes maritimes, et rendre par là inutile la flotte ennemie. Il commence par prendre d’assaut Hyparne, place fortifiée et défendue par des soldats étrangers ; la garnison capitule et se retire. À son entrée dans la Lycie, Telmisse se rend par composition : il passe le Xante ; Pinara, Xantus, Patara, et trente autres villes de moindre importance lui ouvrent leurs portes.

Cependant, au milieu de l’hiver, il s’avance vers le pays de Milyade qui fait partie de la grande Phrygie, mais que Darius avait ordonné de comprendre dans le département de la Lycie. Là vinrent les envoyés des Phasélites, demander l’amitié d’Alexandre et lui offrir une couronne d’or. Beaucoup d’autres de la Lycie inférieure députèrent également pour rechercher son alliance. Alexandre commande aux Phasélites et aux Lyciens de remettre leurs villes aux gouverneurs qu’il leur envoie ; toutes sont remises.

Peu de temps après, il entre dans la première de ces contrées ; et, soutenu des habitans, s’empare d’un fort bien défendu, élevé par les Pisidiens, d’où les Barbares incommodaient, par leurs excursions, les cultivateurs Phasélites.

Chap. 6. Cependant on apprend qu’Alexandre, fils d’Érope, un des Hétaires, commandant alors la cavalerie thessalienne, conspire contre le roi. Cet Alexandre était frère d’Héromène et d’Arrabée, tous deux complices du meurtre de Philippe. Lui-même n’était pas sans y avoir trempé ; mais le prince lui avait pardonné, parce qu’après la mort de son père, il fut le premier de ses amis qui se rangea près de lui, et qui le conduisit en armes dans le palais. Depuis, Alexandre avait cherché à se l’attacher par toutes les distinctions, en lui donnant le commandement des troupes envoyées dans la Thrace, et le faisant succéder dans celui de la cavalerie thessalienne, à Calas nommé satrape de Phrygie.

Tels sont les détails de la conspiration. Darius reçoit, par le transfuge Amyntas, des lettres et des ouvertures