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l’adresse, le courage, la présence d’esprit, le sentiment de l’honneur, contribuaient à décider la victoire.




CHAPITRE VII.


Guerre du Péloponnèse. — Première bataille de Mantinée. — Retraite des Dix-Mille.


Nous avons vu les peuples de la Grèce, réunis par la nécessité de la défendre contre l’ennemi commun, former une puissance formidable, et, au moyen de l’excellence de leur discipline et de leur tactique, remporter des avantages qui tiennent souvent du merveilleux. La paix divisa ces républiques ; les rivalités de Sparte et d’Athènes préparèrent leur asservissement, après avoir fatigué le Péloponnèse pendant vingt-sept années.

Cette guerre, si fertile en événemens, laisse beaucoup à désirer sous le rapport des mouvemens stratégiques ; le théâtre des opérations militaires y change continuellement, et l’on y trouve partout cet esprit d’inquiétude et de jalousie qui caractérise bien plus la marche capricieuse d’une guerre civile, que les opérations mûrement concertées d’une grande attaque, ou d’une résistance nationale.

Archidamus, roi de Lacédémone, entre dans le pays d’Athènes à la tête de toutes les forces des alliés de Sparte, qui pouvaient s’élever à soixante mille hommes, et ouvre la campagne par le siége d’Œnoé, place que l’on regardait comme la clé du pays ennemi. Il le commence, puis le lève, et, laissant derrière soi cette forteresse, se jette dans le plat pays que les Athéniens avaient ruiné. L’automne étant venu, Archidamus rompt son armée.

L’année suivante, il rassemble des troupes aussi considérables et ne sait former aucun mouvement décisif. La troisième année, les Lacédémoniens reparaissent plus nombreux, entreprennent de forcer la ville de Platée, et, malgré leurs travaux immenses, sont contraints de changer le siége en blocus, et d’y laisser la moitié de l’armée pour garder des lignes de circonvallation d’une force prodigieuse ; ce qui n’empêche pas les assiégés de les franchir par escalade dans une nuit. Les ruses que les Platéens surent employer pour paralyser l’effet des machines qui battaient incessamment leurs murailles, peuvent cependant faire supposer que l’art d’attaquer et de défendre les places avait déjà subi quelques améliorations.

Les Athéniens paraissent aussi mal conduits. L’argent ne leur manque pas ; ils ont une belle armée ; on ne la fait sortir que pour piller quand l’ennemi a terminé la campagne. Elle ne marche point au secours de Platée dont la résistance courageuse pouvait devenir si utile ; elle reste tout entière entassée dans Athènes où une maladie contagieuse détruit le plus grand nombre de ses soldats.

Mais au milieu de ces siéges interminables, de ces opérations avortées, l’art de la guerre marchait vers des progrès rapides ; et sans avoir encore atteint ces belles manœuvres dont les Grecs plus tard nous donnèrent de si savans modèles, il est certain qu’à la fin des campagnes du Péloponnèse, leurs généraux montrent plus de capacité.

Dès le début de cette guerre, l’utilité des sciences se fit sentir. Dans une expédition des Athéniens, une éclipse de soleil frappait les troupes d’épouvante ; Périclès parvint à ranimer leur courage en leur expliquant ce phénomène.

La marche que les Athéniens tentèrent vers Syracuse offre plusieurs faits importans. La conduite de Nicias qui commandait les troupes, bien qu’elle ait été taxée de lenteur, fut souvent sage, et nul doute qu’il n’eût réduit Syracuse