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sition la conversion et les charges étaient plus faciles, parce qu’il n’y avait aucun obstacle ni à droite, ni à gauche, ni en arrière. Ils placèrent donc les cavaliers à droite et à gauche de l’ilarque, de sorte que les têtes des chevaux fussent à hauteur des épaules du cheval qui précédait, et formassent ainsi les deux premiers rangs ou faces antérieures du rhombe en nombre impair, 11 par exemple. Ils mettaient ensuite derrière l’ilarque le zygarque et formaient en dedans deux rangs parallèles aux premiers, mais moindres de deux hommes. Les deux premiers étant de 11, les deux seconds donnaient 9, et ainsi de suite jusqu’à l’unité. Polybe a fait usage de cet ordre au nombre de 64 et en forme de Λ ou de coin. Philippe de Macédoine l’inventa, et il plaçait les meilleurs soldats à la pointe, afin que les autres fussent fortifiés et conduits par eux comme un fer l’est par une pointe forte et bien acérée.

La disposition par files, mais sans rangs, se faisait comme il suit : on formait une file d’un nombre quelconque dont l’ilarque était le premier et le serre-file le dernier. On plaçait ensuite de chaque côté une autre file, en face des intervalles de la première, et précisément vis-à-vis leur milieu. Les deux nouvelles files présentaient un cavalier de moins que la précédente. S’il y en avait dix primitivement, la seconde donnait 9, la troisième 8, et de même jusqu’à 1. Cette disposition était commode pour les à droite et les à gauche, et différait des autres en ce que les têtes des chevaux qui formaient les files secondaires étaient moins avancées, et n’allaient pas à la hauteur des épaules du cheval qui les précédait.

La disposition par rangs et non par files se prenait ainsi : on faisait un rang impair, qui était celui du milieu, et on formait les autres devant et derrière, de sorte que les chevaux fussent vis-à-vis de l’intervalle du rang postérieur ou de l’intérieur.

L’escadron rectangulaire avait ou le front plus étendu que la hauteur, ou la hauteur plus grande que le front. Le premier cas était préférable pour le combat, à moins que l’on ne voulût percer la troupe ennemie ; car l’ordre profond devenait alors plus avantageux.

Les îles ou escadrons se formaient tantôt devant la phalange, tantôt à sa droite et à sa gauche et quelquefois derrière les psilites. Le premier escadron donnant de 64, son premier rang était de 15, le second de 13, le troisième de 11, et ainsi de suite jusqu’à l’unité. Le porte-enseigne était au second rang, à la gauche du zygarque. Il y avait en tout soixante-quatre îles faisant quatre mille quatre-vingt-seize hommes, et chaque île avait son ilarque.

Deux îles formaient une épitarchie de cent vingt-huit hommes ; deux épitarchies, une tarentinarchie de deux cent cinquante-six ; deux tarentinarchies, une hipparchie de cinq cent douze ; deux hipparchies, une éphiporchie de mille vingt-quatre ; deux éphiporchies, une télos de deux mille quarante-huit ; deux télos, un épitagme de quatre mille quatre-vingt-seize.

On entremêlait souvent avec les escadrons des pelotons d’armés à la légère, lestes et bien dressés à ce genre de combat.

Alexandre eut en Asie des troupes légères de toute espèce : archers, à pied et à cheval, acontistes, frondeurs, cavaliers coureurs. Ce prince avait aussi des corps d’infanterie et de cavalerie qui formaient sa garde. Cette garde consistait en un corps d’élite appelé Hétaires, c’est-à-dire amis ou plutôt compagnons. Ils étaient tous Macédoniens ; les uns,