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THUCYDIDE, LIV. V.

il avait planté son échelle dans la partie du mur abandonnée des sentinelles, et avant que celle qui passait à sa voisine la clochette d’alarme fût revenue à son poste. Au signal donné, les assiégés se mirent sur leurs gardes : Brasidas, n’ayant pas eu le temps de monter, se retira promptement sans attendre le jour.

L’hiver finissait, et en même temps la neuvième année de la guerre que Thucydide a décrite.




LIVRE CINQUIÈME.

Chapitre premier. Au commencement de l’été, la trève d’un an, qui devait durer jusqu’aux jeux pythiques, venait d’expirer. Pendant cette trève, les Athéniens avaient chassé les Déliens de leur île, les jugeant, à cause d’un ancien crime, indignes de leur ministère sacré, et regardant comme insuffisante cette expiation dont j’ai parlé plus haut, lorsque je rapportais comment ils avaient cru satisfaire à toutes les lois de la purification en enlevant les tombeaux. Les Déliens s’établirent en Asie, à Atramyttium, que leur donna Pharnace, et où ils prirent place dans l’ordre du départ et de l’arrivée de chacun d’eux.

Chap. 2. Cléon, la trève expirée, obtint des Athéniens l’ordre de passer dans l’Épithrace, sur trente vaisseaux, avec douze cents hoplites, trois cents cavaliers et la plus grande partie des alliés. Il prit d’abord terre à Scione, dont le siége durait encore, retira des hoplites de la garnison, et cingla vers le port des Colophoniens, peu éloigné de la ville de Torone. Du port où il était, instruit par des transfuges que Brasidas n’était pas dans Torone, et qu’elle ne renfermait pas de troupes en état de se défendre, il se dirigea vers cette ville avec son armée de terre, et envoya dix vaisseaux investir le port. Il vint d’abord à ces murs dont Brasidas avait environné la ville pour enfermer les faubourgs dans son enceinte : car Brasidas n’avait fait qu’une seule ville du tout, en abattant une partie de l’ancienne muraille.

Chap. 3. Les Athéniens avaient commencé leurs attaques, quand le Lacédémonien Pasitélidas, commandant de la place, en sortit avec la garnison pour les repousser ; mais, se voyant près d’être forcé, et le port se trouvant investi par les vaisseaux qu’avait envoyés Cléon, il craignit que la ville abandonnée ne fût prise par mer, et qu’on ne forçât les remparts, où il serait pris lui-même : il les abandonna donc et se dirigea vers la ville en grande hâte. Mais les Athéniens, prenant les devans, s’en rendirent maîtres par mer, en même temps que par terre leur infanterie se précipitait par l’ouverture que Brasidas avait faite à l’ancien mur : ils tuèrent une partie des Péloponnésiens et des Toronéens, dans le combat ; les autres, et avec eux Pasitélidas, leur chef, furent faits prisonniers. Brasidas venait au secours, mais informé en chemin de l’événement, il se retira, se trouvant à une distance de quarante stades, qui ne lui permettait pas de prévenir par son arrivée la prise de Torone. Cléon et les Athéniens élevèrent deux trophées, l’un sur le port, l’autre près des murailles ; ils réduisirent en servitude les femmes et les enfans des Toronéens ; et ceux-ci, avec les Péloponnésiens et ce qu’il y avait de Chalcidiens, au nombre de sept cents, furent envoyés à Athènes. Dans la suite, les Péloponnésiens, par accord, recouvrèrent la liberté ; les autres furent échangés, homme pour homme, par les Olynthiens.

Vers cette époque, les Béotiens prirent, sur tes frontières de l’Attique, Pa-

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