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THUCYDIDE, LIV. IV.

et Eurymédon, fils de Théoclès, devaient le suivre avec une flotte plus considérable. Pythodore, à la tête des vaisseaux qu’avait eus Lachès, s’embarqua à la fin de l’hiver, et fit voile vers une forteresse que Lachès avait prise : il fut battu, et s’en retourna.

Chap. 116. Dans le même printemps, un torrent de feu coula de l’Etna, comme cela était déjà arrivé. Il ravagea en partie le territoire des Catanéens, dont la ville est située au pied de l’Etna, qui est sans contredit la plus haute montagne de la Sicile. On dit que cette éruption eut lieu la cinquantième année après la première, et qu’en tout il y a eu trois éruptions depuis que des Hellènes habitent la Sicile.

Tels furent les événemens de cet hiver ; il termina la sixième année de la guerre que Thucydide a écrite.




LIVRE QUATRIÈME.

Chapitre premier. Au commencement de l’été qui suivit cet hiver, au temps où l’épi se montre, dix vaisseaux de Syracuses et autant de la Locride mirent à la voile et s’emparèrent de Messène en Sicile, appelés par les Messéniens eux-mêmes, qui se détachèrent d’Athènes. Les Syracusains surtout avaient préparé cette défection, parce qu’ils regardaient cette place comme la clef de la Sicile, et qu’ils craignaient que les Athéniens ne s’en fissent quelque jour un point de départ pour les attaquer avec des forces supérieures. Les Locriens s’étaient réunis à ceux de Syracuses en haine des Rhégiens, qu’ils voulaient combattre à-la-fois et par terre et par mer.

Ils s’étaient jetés en masse sur les campagnes des Rhégiens, pour les empêcher de secourir les Messéniens, et en même temps afin de répondre aux instances des bannis de Rhégium qui se trouvaient parmi eux : car Rhégium, depuis long-temps déchirée par des factions, était, pour le présent, hors d’état de résister aux Locriens ; ce qui rendait ceux-ci plus entreprenans.

Après avoir fait quelque butin, l’armée de terre des Locriens se retira : leurs vaisseaux gardaient Messène ; et d’autres qu’ils équipaient, devaient se porter en hâte sur le même point, et de là continuer la guerre.

Chap. 2. Vers la même époque du printemps, avant que l’épi fût en maturité, les Péloponnésiens et leurs alliés, sous la conduite d’Agis, fils d’Archidamus, roi de Lacédémone, se jetèrent sur l’Attique, y établirent leur camp, et ravagèrent la campagne. De leur côté, les Athéniens envoyèrent en Sicile les quarante vaisseaux qu’ils venaient d’équiper, et les deux chefs qui leur restaient, Eurymédon et Sophocle ; car le troisième général, Pythodore, avait précédé ses collègues. On recommanda à ceux-ci de profiter de leur passage le long des côtes pour veiller aux intérêts de ceux des Corcyréens qui, restés dans la ville, étaient pillés par les exilés postés sur la montagne. Soixante vaisseaux des Péloponnésiens suivirent également la côte pour se rendre à Corcyre et protéger ceux de la montagne. Comme la ville était pressée par la famine, ces Péloponnésiens espéraient se mettre sans peine à la tête des affaires. Démosthène, qui, depuis son retour de l’Acarnanie, n’était plus que simple particulier, avait obtenu des Athéniens le commandement des mêmes vaisseaux [qu’il avait ramenés d’Ampracie] : on l’avait autorisé à tenter, s’il le voulait, quelque entreprise contre le Péloponnèse.

Chap. 3. Eurymédon et Sophocle naviguaient à la hauteur de la Laconie