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THUCYDIDE, LIV. III.

gné de Macharius et de Ménédée, aussi Spartiates.

Chap. 101. L’armée étant rassemblée chez les Delphiens, Euryloque envoya un héraut aux Locriens-Ozoles. Il fallait passer par leur pays pour aller à Naupacte, et d’ailleurs il désirait les détacher des Athéniens. Parmi les Locriens, ceux d’Amphisse le servirent avec beaucoup de zèle, par suite de la crainte que leur inspiraient les Phocéens, qu’ils détestaient. Ils furent les premiers à donner des otages, engagèrent les autres à suivre cet exemple, et réussirent, parce qu’on redoutait l’approche de l’armée. Ils gagnèrent les Myonéens, leurs voisins (c’est de leur côté que l’accès de la Locride est le plus difficile), ensuite les Ipnéens, les Messapiens, les Tritéens, les Challéens, les Tolophoniens, les Hessiens, les Éanthéens, qui tous prirent les armes. Les Olpéens fournirent des otages, mais ne suivirent pas l’armée ; les Hyéens n’en donnèrent qu’après qu’on leur eut pris une bourgade nommée Polis.

Chap. 102. Tout était prêt. Euryloque déposa les otages à Cytinium la Dorique, et conduisit son armée vers Naupacte, à travers le pays des Locriens. En route, il prit Énéon, qui leur appartenait, et Eupolium, deux places qui avaient refusé de se déclarer pour lui. Arriva dans la Naupactie, et ayant déjà les Étoliens avec lui, il saccagea le pays, prit le faubourg, qui n’est pas muré ; de là, passa à Molycrium, colonie de Corinthe, mais sujette des Athéniens, et la prit. Démosthène, qui restait toujours à Naupacte depuis sa malheureuse expédition d’Étolie, avait pressenti l’arrivée de cette armée, et, craignant pour la place, avait imploré l’assistance des Acarnanes, qu’il eut bien de la peine à persuader, à cause de sa retraite de Leucadie. Ils avaient envoyé par mer mille hoplites, et ils étaient déjà dans la place pour la soutenir. Sans ce renfort, comme on avait une grande étendue de fortifications et peu de monde pour les défendre, on pouvait difficilement résister. Euryloque et les siens, voyant qu’une armée était entrée dans la place et qu’on ne devait plus espérer de la forcer, au lieu de se rapprocher du Péloponnèse, gagnèrent l’Éolide, qu’on nomme aujourd’hui Calydon, Pleuron et d’autres endroits de cette contrée, ainsi que Proschium d’Étolie. Les Ampraciotes les vinrent trouver et leur persuadèrent d’attaquer avec eux Argos d’Amphilochie, l’Amphilochie entière, et même l’Acarnanie. Si l’on s’en rendait maître, tout le continent, disaient-ils, entrerait dans l’alliance de Lacédémone. Euryloque les crut, renvoya les Étoliens, et s’arrêta dans le pays avec son armée, jusqu’à ce qu’il fût temps de se joindre aux Ampraciotes partis pour former le siége d’Argos. L’été finissait.

Chap. 103. L’hiver suivant, les Athéniens qui étaient en Sicile, leurs alliés hellènes, et tous ceux d’entre les Sicules qu’opprimait le gouvernement de Syracuses, et qui avaient abandonné l’alliance de cette ville pour embrasser celle d’Athènes, firent, de concert, l’attaque de Nessa, place de Sicile dont les Syracusains occupaient l’acropole. Ne pouvant s’en rendre maîtres, ils se retirèrent ; mais, dans cette retraite, les Syracusains, sortant des remparts, attaquèrent ceux des alliés d’Athènes qui fermaient la marche, et, tombant sur eux brusquement, mirent en fuite une partie de l’armée et tuèrent beaucoup de monde.

Après cet événement, Lachès et les Athéniens firent plusieurs descentes dans la Locride, en naviguant sur le fleuve Cécine, et défirent dans un combat en-