Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 1, 1835.djvu/196

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion
195
THUCYDIDE, LIV. III.

dénonciation, qui se repentait d’y avoir pris part. Ces envoyés devaient solliciter le rappel de la flotte, et répondraient de la fidélité de Mitylène. Mais comme on se promettait peu de succès de cette députation, une autre partit en même temps sur une trirème pour Lacédémone. Les députés, dans leur passage, trompèrent la vigilance des Athéniens, dont la flotte était à l’ancre à Malée, au nord de la ville : ils arrivèrent à Lacédémone après une pénible navigation, et travaillèrent à obtenir quelques secours.

Chap. 5. Ceux qu’on avait envoyés à Athènes étant revenus sans avoir rien fait, les Mityléniens, avec le reste de Lesbos, Méthymne exceptée, se préparèrent à la guerre. Ceux de Méthymne servaient comme auxiliaires d’Athènes, ainsi que ceux d’Imbros, de Lemnos, et quelques autres en petit nombre. Les Mityléniens firent une sortie générale sur le camp ennemi. Dans l’action, ils n’eurent pas de désavantage ; mais ils ne passèrent point la nuit dans la campagne ; se défiant d’eux-mêmes, ils rentrèrent dans la place. Depuis cette affaire, ils se tinrent en repos, attendant quelques secours du Péloponnèse, et ne voulant se hasarder qu’avec des forces plus imposantes. Méléas de Lacédémone et Herméondas de Thèbes venaient d’arriver. On les avait dépêchés avant la défection ; mais ils n’avaient pu prévenir l’expédition des Athéniens, et ils étaient montés secrètement sur une trirème après le combat. Ils conseillèrent d’envoyer avec eux à Lacédémone, sur une autre trirème, de nouveaux députés : le conseil fut suivi.

Chap. 6. Les Athéniens, fortement encouragés par l’inaction des Mityléniens appelèrent des alliés, qui, ne voyant rien de sûr du côté de Lesbos, se montrèrent bien plus tôt qu’on ne devait s’y attendre. Ils investirent de leur flotte le côté du midi, formèrent deux camps fortifiés de deux côtés de la place, établirent des croisières en face des deux ports, et interdirent aux ennemis l’usage de la mer. Ceux-ci étaient maîtres du reste du pays avec les autres Lesbiens qui venaient d’arriver à leur secours. Les camps athéniens n’avaient à eux que peu d’étendue de terrain. C’était à Malée principalement que stationnait leur flotte et que se tenait leur marché. Ainsi se faisait la guerre de Mitylène.

Chap. 7. À la même époque de cet été, les Athéniens envoyèrent aussi trente vaisseaux sur les côtes du Péloponnèse. Les Acarnanes avaient demandé pour général un des fils ou des parens de Phormion : Asopius, son fils, fut nommé. Ces vaisseaux ayant longé les côtes de la Laconie en les dévastant, Asopius en renvoya le plus grand nombre, et aborda lui-même à Naupacte avec douze qu’il avait gardés. Il fit prendre les armes à tous les Acarnanes, porta la guerre chez les Éniades, et remonta, avec sa flotte, le fleuve Achéloüs. L’armée de terre ravagea le pays. Mais, les Éniades ne se soumettant pas, il renvoya son infanterie, fit voile vers Leucade, descendit à Nérique et, dans sa retraite, fut tué, lui et une partie de son monde, par les gens du pays que soutenaient des troupes des garnisons. Ce qui restait d’Athéniens finit par se retirer, après avoir obtenu des Leucadiens la permission de recueillir les morts.

Chap. 8. Cependant les députés de Mitylène envoyés sur le premier vaisseau allèrent à l’Olympie, où les Lacédémoniens leur disaient de se rendre, pour que les divers alliés pussent entrer en délibération après les avoir entendus. C’était l’olympiade où Doriée de Rhodes vainquit pour la seconde fois. Après la célébration de la fête, ils obtinrent audience et parlèrent ainsi :

13..