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dire. Il a véritablement tenté Luther; mais ce n’a pas été pour le désespérer; ça été pour l’induire en erreur et avec lui tant d’autres âmes qui l’ont suivi. Voilà le véritable but de l’entretien qu’il eut avec Luther.

Il paraît donc évidemment que tout ce que disent les Ministres pour justifier Luther, est hors de propos: il ne s’agit pas ici d’alléguer que le Diable dit quelquefois la vérité; on sait qu’il la dit, ou quand il y est contraint (encore faut-il qu’elle soit connue d’ailleurs) ou quand elle lui sert à jeter les âmes dans le désespoir, comme l’histoire de Judas nous l’apprend.

Il ne s’agit pas non plus d’apporter quelques exemples de Moines que le Diable a tentés: il s’agit seulement de montrer qu’on peut en conscience écouter le Diable, quand il est le premier à dire une chose inconnue à tout ce qu’il y a de Fidèles dans l’Église. Voilà ce qu’il faut montrer pour justifier Luther; et voilà ce que les Ministres ne pourront jamais faire, quelque chose qu’ils puissent alléguer. Ils ont beau prêcher que la Messe est une idolâtrie, ils ne le persuaderont jamais à des gens sensés et instruits: car quand[1] on ne saurait pas d’ailleurs que toute l’ancienne Église l’a regardée (selon l’aveu de Calvin) comme une chose solidement établie dans l’Écriture sainte[2], il suffit de savoir que le Démon ait été le premier à persuader à Luther d’abolir ce sacrifice pour, être convaincu de la sainteté de cette action et de l’erreur des Prétendus Réformés, qui la regardent comme une chose abominable. Faut-il. que des Chrétiens se laissent ainsi malheureusement séduire par le Démon, et faut-il qu’ils oublient que[3]

  1. Qu’il me soit permis de marquer ici ce que dit le Ministre Pierre Poiret, qui écrit aux Réformés qui étaient restés en France, qu’il ne faut pas croire les Catholiques Idolâtres, lorsqu’ils adorent l’Eucharistie. Comme ils croient que Jésus-Christ y est présent réellement, non seulement ils doivent l’y adorer, mais ils commettraient même un grand péché de ne le pas faire. Il va même jusqu’à dire que Dieu est obligé de rendre Jésus-Christ présent dans le Sacrifice de la Messe et dans le Sacrement, suivant cette parole de l’Évangile, «qu’il te soit fait selon ta foi». Poiret, La paix des bonnes âmes dans tous les partis du christianisme sur les matières de religion et particulièrement sur l’Eucharistie, Amsterdam, 1687, in-12. Aussi les Réformés accusent d’erreur les Protestants qui n’adorent pas Jésus-Christ, quoiqu’ils le croient présent dans le Sacrement, du moins dans l’usage et au moment de la Communion; parce que, quelque part que soit Jésus-Christ, il est toujours adorable. Et les Réformés avouent que s’ils croyaient Jésus-Christ réellement présent dans le Sacrement, ils l’adoreraient eux-mêmes sous les espèces du pain et du vin. V. Daillé, en son Apologie, chap. 9, pag. 222, et Calvin en convient aussi en plusieurs endroits.
  2. Comment. sur le 9me v. du 7me ch. de l’Épît. aux Héb.
  3. I Pet., 5, 8