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Je ne suis pas, dit-il[1], de l’avis des Papistes, qui disent qu’aucun des Anges, ni Marie même ne peut consacrer. Et moi je dis au contraire, que si le Diable même venait... et que je susse ensuite qu’il se fût ingéré de faire l’office de Pasteur de l’Église, qu’ayant pris la figure d’un homme il eût été appelé pour prêcher, et qu’il eût enseigné publiquement dans l’Église, qu’il eût baptisé, célébré la Messe, donné l’absolution des péchés, et fait ces fonctions selon l’institution de Jésus-Christ; nous serions alors contraints d’avouer que les Sacrements ne seraient pas pour cela inefficaces; mais que nous aurions reçu un vrai baptême, un vrai Sacrement du Corps et du sang de Jésus-Christ.

Car notre foi, et l’efficace des Sacrements n’étant pas appuyées sur la qualité de la personne, il n’importe que cette personne soit bonne ou mauvaise, qu’elle ait reçu l’onction, ou ne l’ait pas reçue, qu’elle ait été appelée légitimement ou non, que ce soit un Diable ou un Ange[2]

Peu après, il ajoute, pour appuyer ce sentiment par un exemple[3], qu’il a ouï dire autre fois qu’un Prédicateur s’étant trouvé mal, un inconnu était survenu, qui s’était présenté à la place de l’autre, et qu’après avoir fait une prédication forte et touchante, il avait déclaré qu’il

  1. Ego igitur non dicam, quod Papistæ dicunt, nullum Angelorum, ne Mariam quidem ipsam, consecrare posse. Et e contra dico, si Diabolus ipse veniret... ego autem pono ut postea resciscerem diabolum sic irrepsisse in officium Pastoris Ecclesiae, in specie hominis vocatum esse ad pradicandum et publice in Ecclesia docuisse, baptizasse, celebrasse Missam. absolvisse a peccatis, et tali munere Punctum esse juxta institutionem Christi: tunc cogeremur fateri Sacramenta ideo non esse inefficacia, sed verum Baptismum, verum Evangelium, veram Absolutionem, verum Sacramentum Corporis et Sanguinis Christi nos accepisse. Fides enim nostra, dignitas et efficacia Sacramentorum non nituntur qualitate personæ, sive bona sit sive mala, uncta vel non uncta, vocata legitime, vei non vocata, Satan vel Angelus, etc. Luth., De Missa privata et unctione Sacerd., tom. 7, fol. 243 verso.
  2. Calvin est de même sentiment: «Je confesse, dit-il, que la vertu des Sacrements ne dépend point de la dignité des personnes; et dis, plus outre, que si un Diable administre la Cène, elle n’en serait point pire et, au contraire, si un Ange chantait la Messe, elle n’en vaudrait rien mieux. Opusc. I, serm. cont. l’idolâtrie, col. 957
  3. Ego in adolescentia mea audivi quandam historiam, quendam concionatorem, cum jam deberet conscendere suggestum, subita ægritudine correptum, ibi supervenit quidam ignotus, et obtulit se pro ipso concionaturum: arrepto autem libro, paravit se ad concionem; et cum jam conscendisset suggestum, adeo erudite, pie et pathetice dixit, ut animis omnium repente permotis, tota pene in lacrymis solveretur turba auditorum. In fine autem concionis, ejusmodi dicto clausit: Vultis, inquit, scire quis sim? Ego sum Satan, ideo tam concitate vehementer apud vos de Evangelio peroravi, ut eo acrius accusare vos possim in extremo die, in vestram damnationem.