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qui proteste que, quand Luther l’appellerait Diable, il le respecterait comme un grand serviteur de Dieu.

D’ailleurs l’union que les Calvinistes ont faite avec les Luthériens, marque bien qu’ils ont reconnu Luther pour un homme de Dieu, et qu’ils n’ont point eu d’autres raisons pour cela, que celles de Calvin, qui[1] fonde le grand respect qu’il a pour lui, sur la fermeté avec laquelle il a seul attaqué toute l’Église Romaine. Or il est évident qu’il ne l’avait pas encore attaquée dans sa doctrine, lorsqu’il eut cette Conférence avec le Diable, puisqu’il admettait tous les Sacrements qu’elle reçoit, et que pour justifier au Démon qu’il disait valablement des Messes privées, il alléguait qu’il les disait en la foi de cette Église. Il n’avait donc encore écrit aucun des livres qu’il a publiés contre elle, et qui lui ont fait donner par Calvin et par ses Sectateurs[2] ces grands noms d’Apôtre et de Serviteur de Dieu.

On demandera peut-être ici d’où vient que Luther n’a parlé de cette Conférence, que dans le dernier des trois ouvrages qu’il a faits contre les Messes privées. Mais il est facile de répondre à cette question.

Il n’avait garde, lorsqu’il commença d’écrire contre les Messes privées, d’alléguer que le Diable était auteur de cette doctrine; et quoiqu’il fût déjà persuadé (comme on le verra dans la suite) que le Diable pût enseigner dans l’Église et y faire l’office de Pasteur, il ne voyait pas le monde encore disposé à recevoir les enseignements d’un pareil maître. C’est pourquoi quand il écrivit[3], en 1520, son livre de

  1. Calvin, dans sa défense contre Westphal, col. 1794. de ses opusc. imprimés à Genève en 1611, par Jacob Stoër.
  2. Bèze, tom. 1 de son Hist. Ecclésiast., p. 4. Hospin., 2 part., Hist. Sacrament., fol. 127 verso.
  3. Hospin., 2 part., Hist. Sacrament.,,fol. 5 verso.