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tu dis la Messe, n’apprend rien par toi, et ne reçoit rien de toi; mais toi, seul dans un coin, sans rien dire, tu manges seul, tu bois seul.

Ces paroles ne montrent-elles pas très clairement que Luther disait encore alors des Messes privées? Et vers la fin de son récit, il dit[1] Dans cette détresse et dans ce combat contre le Diable, je voulais repousser cet ennemi avec les armes auxquelles j’étais accoutumé sous la Papauté, et je lui objectais l’intention et la Foi de l’Église... Je veux, lui disais-je, que je n’aie pas cru comme il fallait croire, et que je me sois trompé dans ma pensée; l’Église, néanmoins, a cru en cela comme il fallait croire, et ne s’est pas trompée.

Il marque[2] même que le Diable, en cet endroit, redoublant ses efforts, le pressa avec plus de véhémence qu’auparavant, de montrer où Dieu avait commandé de consacrer en la Foi de l’Église; comment il prouverait que l’Église lui communiquait son intention pour une Messe privée; et que s’il n’avait point la parole de Dieu, il fallait que les hommes l’eussent enseigné sans cette parole, et que sa doctrine sur les messes privées ne fût qu’un mensonge. D’où il résulte que le Démon lui a donné le premier scrupule sur les Messes privées, et les premiers enseignements qui lui ont servi à prétendre réformer l’Église sur ce point.

Aussi avons-nous vu qu’Hospinien[3] et M.Drelincourt[4] disent que ce fut du Diable que Luther apprit que les Messes privées étaient contre l’Écriture, et qu’il les fallait abolir. En effet, il ne se sert, dans tous les écrits qu’il a faits contre les Messes privées, que des arguments que le Diable lui a suggérés dans cette Conférence. Ainsi ceux qui regardent Luther comme un des premiers réformateurs de l’Église, doivent aller plus loin, et reconnaître le Diable pour l’auteur de cette Réforme. Et Messieurs de la Religion Prétendue Réformée ont beau dire qu’ils ne suivent pas la doctrine de Luther: car, outre qu’ils la suivent en ce point, il est certain qu’ils l’ont toujours mis entre leurs premiers Réformateurs, suivant le sentiment de Calvin[5],

  1. Tom. 7, fol. 129.
  2. Ibid
  3. Hospin., 2 part.. Hist. Sacr., fol. 131.
  4. Faux Pasteur, sect. 48, p. 373
  5. Sæpe dicere salitus sum, etiamsi me Diabolum vocaret (Lutherus) me tamen hoc illi honoris habiturum, ut insignem Dei servum agnoscam. Calvin, dans sa lettre du 25 novembre à Bulinger.