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Au temps de la Conférence avec le Diable, Luther était encore dans le sein de l’Église Catholique.

Si Luther, au lieu d’écouter les faux raisonnements que le Démon tirait de l’Écriture contre le Sacrifice de la Messe, eût repoussé cet ennemi de la vérité, comme avait fait Jésus-Christ, il ne serait pas devenu l’auteur d’un schisme, qui a tant causé de maux à l’Église et à l’État; et les Protestants participeraient encore avec nous au même sacrifice. Ce qu’il y a de plus déplorable, c’est que tous les Docteurs de la nouvelle Réforme ne se servent contre la Messe, que des passages dont le Démon s’est servi pour obliger Luther à l’abolir, et ont tellement accoutumé l’esprit de leurs auditeurs aux fausses explications qu’ils donnent à ces passages, que quand ceux qu’ils ont séduits viennent à lire le récit que Luther a fait de sa Conférence avec le Démon, ils ne peuvent s’empêcher de dire que le Démon avait raison, le reconnaissant ainsi, sans y penser, pour leur premier Réformateur: par là il n’a pas eu besoin de se transformer en Ange de lumière pour les décevoir.

D’autres Ministres, pour empêcher qu’on ne croie que ce soit par les avis du Démon que Luther a commencé sa Réforme, assurent qu’il avait condamné les Messes privées, avant même que le Diable en eût conféré avec lui et ils prétendent le prouver en disant que son[1] livre de la Captivité de Babylone, et celui par lequel il confirma les Augustins de Wittemberg dans la pensée d’abolir la Messe privée, avaient paru longtemps avant qu’il eût composé celui où il parle de sa Conférence avec le Diable.

Il est vrai que ce dernier livre n’a été écrit que longtemps après les deux autres: mais il est vrai aussi qu’il avait eu cet entretien avec le Diable, avant qu’il eût pensé à écrire ces deux ouvrages, ni aucun autre contre les Messes privées. Car en premier lieu, il appelle lui-même cet entretien[2] une Dispute: et

  1. Liber de Captiv. Babyl, et Liber de Abroganda Missa privata. Luth., tom. 2.
  2. Tom. 7, , fol. 230.