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la cérémonie de sacrifier Jésus-Christ.

Pourquoi, disent quelques Ministres, blâmer Luther de ce qu’il a eu un entretien avec le Démon? La même chose n’est-elle pas arrivée à Jésus-Christ dans le désert? Cette comparaison est bien odieuse; et c’est se jouer de la Religion que de parler ainsi. Il est vrai que Jésus-Christ a été tenté; mais il l’a été, dit S. Paul,[1] sans être sujet à aucun péché: et[2] comme il a pris notre nature, pour détruire par sa mort celui qui avait l’empire de la mort, c’est-à-dire, le Diable; il a voulu aussi être tenté, pour nous apprendre par son exemple à résister à la tentation, et à n’écouter jamais les suggestions, ni les discours du Diable, qui doivent toujours être suspects à un Chrétien. Jésus-Christ, pressé de la faim, dit S. Chrysostome,[3] ne fait pas néanmoins ce que le Démon lui inspire, pour nous apprendre que nous ne devons jamais rien croire de ce que nous conseille cet ennemi. Comme c’est par là qu’Adam a offensé Dieu, et a violé son ordonnance, Jésus-Christ nous fait voir qu’il ne faudrait pas écouter le Démon, quand même il ne nous porterait pas à désobéir à Dieu.

S. Athanase[4] ajoute qu’il ne faut jamais écouter ce malin Esprit, quoiqu’il allègue l’Écriture pour appuyer ce qu’il dit, parce que son intention est toujours mauvaise. Encore, dit ce Père, que l’hérétique emprunte de l’Écriture sainte ses manières de parler, il doit toujours être suspect: et comme son esprit est corrompu, le Saint Esprit lui dira: Pourquoi racontes-tu mes jugements, et pourquoi mon testament est-il dans ta bouche? Aussi voit-on que Notre-Seigneur ferma la bouche au Démon, qui se servait de l’Écriture sainte en lui parlant.

  1. Heb., 4, 15.
  2. Heb., 2, 14.
  3. S. Chrysost. Hom. 13 in Matth.
  4. L. de Synod. Arim. et Seleuc.