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fidèle à la foi, dès que le Diable commença à lui parler, il se serait servi[1] du bouclier de la foi, pour éteindre tous les traits enflammés de ce malin Esprit; il aurait pris[2] l’épée spirituelle, qui est la parole de Dieu, pour détruire tout ce que le Démon lui disait; et enfin il aurait eu pour le chasser[3] recours à la prière et au nom de Jésus-Christ. Mais ce malheureux Moine, oubliant les vœux qu’il avait faits au baptême, de renoncer à Satan, se laisse prendre à ses vains discours, et au lieu[4] de marcher comme un enfant de lumière, il suit aveuglément la voie où le conduit le Prince des ténèbres.

Il paraît donc que le Ministre Anglais a falsifié l’histoire du Moine Siméon, en rapportant simplement que le Démon l’avait voulu obliger à dire la Messe, d’où il veut faire conclure que c’était la première fois qu’on l’eût dite: au lieu qu’il est rapporté que ce saint Religieux refusa de la dire, parce qu’il n’était pas encore Prêtre. Preuve donc que le Prêtre la disait ordinairement; et que si le Démon a voulu persuader à Siméon de la dire, ce n’a pas été pour lui faire faire une chose qui fût mauvaise en soi, mais pour le porter à en faire une qui ne lui était pas encore permise, parce qu’il n’avait pas reçu l’ordre de Prêtrise, auquel est attachée la puissance de célébrer la Messe.

Au reste cet Autel, cette Aube, cette Étole, cette façon de la mettre, et toutes les autres circonstances rapportées dans Surius, prouvent qu’on disait la Messe avec les mêmes ornements dont on se sert depuis si longtemps, et même sur un Autel. On voit par-là que la Messe n’est pas inventée par le Diable, pour tromper le Moine Siméon; et s’il l’a voulu séduire, ce n’a été qu’en poussant ce Diacre à abuser de l’Autel et des habits sacerdotaux, pour faire une chose qui n’est permise qu’aux seuls Prêtres. Aussi Calvin demeure d’accord qu’on célébrait la Messe bien longtemps avant que le Démon eût tenté le Moine Siméon, puisque ce Religieux ne vivait[5] qu’au commencement de l’onzième siècle, et que Calvin dit[6] que dès le commencement de l’Église Chrétienne on a inventé

  1. Ephes. 6, 16.
  2. V, 17
  3. V. 18.
  4. Eph. 5, 8.
  5. Apud Surium, ibid. sub. fin.
  6. Commentaire sur le 28 vers, du Ch. 4 de l’Évangile de Saint Jean.