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ce saint lieu fût privé plus longtemps d’un tel ministère.

Comme il vit que Siméon lui résistait toujours, alors, aidé d’un autre Démon, il le tira du lit, et après l’avoir bien éveillé, il le traîna devant l’Autel, où il le revêtit de l’Aube. Mais sur la manière de mettre l’Étole il y eut de la contestation le Démon prétendait la mettre à Siméon, comme la met le Prêtre; et Siméon au contraire soutenait qu’elle ne devait lui être mise, que comme la met le Diacre. Enfin le Serviteur de Dieu étant revenu à soi, chassa l’Ennemi par la force de la prière et par le signe de la Croix.»

On peut voir maintenant quelle différence il se trouve entre l’histoire du Moine Siméon, et celle du Moine Luther. Il est vrai que le Démon tente, ces deux Moines pour les porter à commettre un grand crime. Il veut que le premier, qui n’est que Diacre, dise la Messe, c’est-à-dire fasse une chose que Jésus-Christ n’a permis qu’aux Prêtres de faire; et il veut que le second, qui est Prêtre, non seulement ne dise plus la Messe, mais qu’il regarde encore comme une horrible idolâtrie, ce sacrifice de la nouvelle loi, que Jésus-Christ a institué la veille de sa mort, et que l’Église Catholique a toujours célébré avec tant de vénération.

Voilà donc comme le Démon tente deux Moines: mais Siméon résiste à la tentation, comme doit faire un Disciple de Jésus-Christ; et Luther y succombe malheureusement, comme un homme sans foi. Siméon ne veut pas seulement écouter le Démon, quoiqu’il eût pris la figure d’un Ange, et qu’il se vantât d’être Ambassadeur de Dieu. Luther, au contraire, n’ignore pas que c’est Satan même qui lui parle, il l’écoute cependant comme un Disciple fidèle écoute son Maître. Siméon découvre tous les artifices du Démon, dès que le malin Esprit lui parle contre l’ordre établi dans l’Église; et Luther renverse cet ordre dès que le même Esprit, cet Esprit de trouble lui inspire de le renverser. Enfin Siméon se sert, pour chasser l’ennemi, des armes ordinaires du Chrétien, c’est-à-dire, de la prière et du signe de la Croix; et Luther n’a pas la force de faire la même chose, parce que d’abord il a donné trop d’entrée au Démon Dans cette détresse, dit-il, et dans ce combat contre le Diable, je voulais repousser cet ennemi, avec les armes auxquelles j’étais accoutumé sous la Papauté. S’il avait été sage et