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Mais, jamais l’Orateur a-t-il donné l’exemple d’une pareille figure de Rhétorique, et M.Claude lui-même n’avoue-t-il pas que cette manière d’exprimer les choses sous la forme d’un combat contre le Diable, est un peu éloignée de l’usage commun? On n’a donc qu’à lire Luther, pour voir qu’il n’a voulu faire qu’un récit simple et naïf de ce qui s’était passé dans sa Conférence avec le Diable, et non pas une Parabole. Car la Parabole feint une chose pour en faire entendre une autre; et il paraît que Luther parle en cet endroit à découvert de ce qui lui est arrivé. Il ne dit pas, comme lui fait dire M.Claude, que le Diable l’accusa dans son cœur; mais qu’une nuit, étant bien éveillé, le Diable vint disputer avec lui. Il rapporte les paroles de ce mauvais Esprit, avec les réponses qu’il lui fit; et ces réponses font connaître qu’il n’était nullement en peine sur le sujet des Messes privées, lorsque le Diable s’avisa de l’en faire douter: il assure même qu’il les avait dites de bonne foi jusqu’alors[1]. Ce qui marque que sa conscience n’en était point agitée; et qu’ainsi M.Claude a tort de dire que le récit de Luther sur son entretien avec le Diable, soit une Parabole, pour expliquer les agitations intérieures de sa conscience au sujet des Messes privées.

Une seconde raison pour montrer que ce ne saurait être une Parabole, est que Luther (après avoir rapporté les arguments du Démon, comme des choses qui lui étaient nouvelles, et qui le persuadaient à mesure qu’il les entendait, et après avoir expliqué toute la suite de leur dispute), assure[2]qu’il est presque impossible de soutenir en ces occasions l’impétuosité du Démon.

Mais une observation, qui suffit seule pour convaincre tous les esprits raisonnables que Luther n’a point voulu faire une Parabole, est qu’il dit, après avoir fait le récit de sa Dispute avec le Diable[3], qu’Empserus, Œcolampade, et plusieurs autres ont perdu la vie dans de semblables disputes.

Ce n’est donc pas, et ce ne saurait être une Parabole. Aussi M.Claude avoue que celle-là serait fort extraordinaire; et comme il prévoit bien que les gens de bon sens ne

  1. Tom. 7, foi. 228 vers- et 229 rect.
  2. Ibid., I, fol. 230.
  3. Tom. 7, fol. 333.