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Que les Protestants s’efforcent en vain de justifier Luther.

Les uns disent que cet entretien de Luther avec le Diable n’est qu’un songe: mais, pour parler ainsi, il faut ne l’avoir pas lu, car Luther assure lui-même[1], qu’il était bien éveillé, lorsque le Diable vint disputer avec lui. D’ailleurs, quand on supposerait, contre le témoignage de Luther, que ce fût un songe, la cause des Protestants n’en serait pas meilleure, puisqu’il serait toujours certain que Luther aurait cru à ce songe: ce qui est indigne non seulement d’un Chrétien, mais d’un homme tant soit peu raisonnable.

D’autres prétendent que c’est une figure de Rhétorique, ou une Parabole, dont Luther s’est servi pour mieux représenter les troubles de sa conscience, qui lui reprochait d’avoir dit si longtemps des Messes privées, ou même pour faire connaître les accusations que le Diable formerait contre lui au Jugement de Dieu. Luther, dit M.Claude[2], suivant le style des Moines de ce temps-là, qui avaient accoutumé par FIGURE DE RHÉTORIQUE de, remplir les livres de leurs exploits contre le Diable, rapporte que s’étant une fois réveillé pendant les ténèbres de la nuit, le Diable se prit à l’accuser d’avoir fait idolâtrer le peuple de Dieu, et d’avoir idolâtré lui-même durant quinze ans qu’il avait dit des Messes privées. Il[3] n’y a rien en tout cela qui s’éloigne du devoir d’un homme de bien, ni qui ne soit entièrement innocent, soit qu’on prenne cette narration au pied de la lettre, soit qu’on la prenne comme une espèce de FIGURE ou de PARABOLE. Il dit que le Diable l’accusait dans son cœur; cela signifie qu’il se représentait lui-même, dans sa conscience, les accusations que le Démon pourrait un jour former contre lui devant le Tribunal de Dieu, etc. Voilà ce que dit M.Claude pour défendre Luther.

  1. Tom. 7, fol. 228.
  2. Défense de la Réformalion, pag. I, 6.
  3. Pag. 137.