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si donc Satan se soulève contre lui-même, le voilà divisé; il est impossible qu’il subsiste, et il faut que sa puissance finisse.

Ce discours de Jésus-Christ montre évidemment que le Démon ne peut vouloir abolir une chose dont il est lui-même l’auteur. D’où il faut conclure que, puisqu’il a suggéré à Luther d’abolir les Messes privées, il n’en a pas été l’auteur, autrement il se serait détruit lui-même: ce qui ne peut lui arriver suivant la doctrine de Jésus-Christ. C’est donc pécher contre le Saint Esprit, à l’exemple des Pharisiens, que de soutenir, comme font les Protestants, que les Messes viennent du Démon et s’ils avaient raisonné ou en Chrétiens ou même en personnes raisonnables, jamais ils ne se seraient séparés de l’Église Catholique, parce qu’ils auraient vu que le Démon ne pouvant combattre que ce qui est saint, il fallait de nécessité que les Messes qu’il voulait abolir fussent saintes.

Mais, sans alléguer ici l’Écriture, ce que Luther écrit des Sacramentaires, ou de ceux qui nient la présence réelle de Jésus-Christ dans l’Eucharistie, montre assez que lui-même ne devait pas seulement être écouté. Car ce nouveau Docteur, ne pouvant souffrir que d’antres que lui se mêlassent de faire les Réformateurs, dit, pour donner de l’horreur des Sacramentaires, que[1] le Diable a parlé par leur bouche. Si donc Luther veut qu’on rejette la doctrine des Sacramentaires parce qu’elle vient du Diable, quoiqu’aucun d’eux n’ait dit qu’elle en venait, peut-on sans folie écouter Luther et suivre sa doctrine, après qu’il a déclaré hautement qu’il la tenait du Diable même? C’est néanmoins ce que font tous les Protestants; et Luther a tant d’autorité sur leur esprit, qu’ils aiment mieux le croire, quoique le Démon ait prévalu contre lui, que d’écouter l’Église Catholique, contre laquelle Jésus-Christ a promis[2] que les portes d’Enfer ne prévaudraient jamais. Mais rien ne fait mieux voir jusqu’où va leur prévention et leur aveuglement, que les différents moyens dont ils se servent pour justifier Luther.

  1. Luth. Tom. 7, fol. 212
  2. Math., 16, 18.