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qu’en supposant des entretiens secrets avec la Déesse Égérie, que Numa Pompilius fit recevoir au peuple Romain plusieurs choses qui regardaient le culte des faux Dieux.

Ce n’est qu’en feignant de nouvelles révélations, que Montan séduisit tant de Chrétiens, et Tertullien même, qui avait fait paraître avant sa chute un si grand zèle pour l’Église. Ceux qui suivirent Mahomet, ne crurent à ses discours, que parce qu’il se vantait d’être un grand Prophète, et qu’il avait assez d’adresse pour leur persuader que l’Ange Gabriel lui parlait souvent de la part de Dieu. Mais, sans rechercher dans l’antiquité de semblables exemples, on en trouve dans le dernier siècle, où tant d’imposteurs se sont élevés contre la doctrine de l’Église[1]. Carlostadt, qui avait été un des premiers Disciples de Luther, et qui avait entièrement rompu avec lui au sujet de l’Eucharistie, osa bien dire, pour se faire aussi des sectateurs, que c’était du Père éternel qu’il avait appris le nouveau sens qu’il donnait à ces paroles: Ceci est mon Corps.

L’Histoire de tous les temps fait donc connaître que, pour attirer l’attention des hommes, il faut leur persuader que ce qu’ils entendent vient de Dieu; et jamais il n’y a eu que Luther qui ait pu se faire croire, en déclarant, comme il fait, que le Démon est son maître. Mahomet a beau dire que l’Ange Gabriel est le sien, tous les Chrétiens ont horreur de ses impostures. Carlostadt a beau feindre que le Père éternel lui a fait entendre le sens des paroles de l’institution de l’Eucharistie, Luther se moque le premier de ce fanatique[2], et les Protestants[3], aussi bien que les Catholiques, le regardent comme un insensé. Mais dès que Luther dit que c’est à la persuasion du Diable qu’il a aboli les Messes privées, alors tous les Protestants l’écoutent avec respect, le regardent comme un Apôtre[4] et soutiennent même, quand on les presse, que le Démon lui a découvert une vérité inconnue à toute l’Église. À quel égarement n’est-on pas sujet quand on abandonne, comme

  1. Kemnitius in Libello Domini, p.214. Oziander Epit. ent. 16, p. 86.
  2. Luth. Tom. 3. Editionis len., fol. 68.
  3. Alberus, I. cont. Carolostadios, z. 4 et y 2. Sleïdan, l. 5.
  4. Calvin, Rép. au Ier liv. de Pighius, opusc. 381. Drelincourt, Faux Pasteur, sect. 3, p. 11.