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la Messe, mais par un autre AVERTISSEUR, comme lui-même l’écrit.

Et David Paréus, dont le Synode de Dordrecht fait tant d’estime[1], parlant des Luthériens, qui attribuent au Diable le songe de Zuingle, use de ces termes:[2] Que ne pensent-ils plutôt eux-mêmes à ce que raconte Luther de ses entretiens familiers avec l’Esprit noir, qui est le Diable, et aux choses qu’il déclare ouvertement que le Diable lui a suggérées dans ses Conférences? Qu’ils réfutent donc la chanson ordinaire, et l’argument tant rebattu des Papistes: «Luther, de son propre aveu, a appris de l’Esprit noir, qui est le Diable, les raisons pour lesquelles on doit condamner la Messe privée, et l’Onction des Prêtres; donc la doctrine de Luther, touchant la condamnation de la Messe, est diabolique.» Voilà, dis-je, à quoi il faut répondre. Ils ne peuvent nier l’antécédent: car les Papistes leur objecteraient la longue Légende de Luther, touchant la Conférence qu’il a eue avec l’Esprit noir, qui est le Diable, et qu’il a lui-même décrite. Mais vous entendrez aussitôt crier aux Luthériens, que c’est un sophisme, parce que le vrai est toujours le vrai, et ne devient point faux, quoiqu’il soit proféré ou suggéré par l’Esprit noir, qui est le Diable. Pourquoi cela n’aurait-il pas plus de force pour Zuingle, puisqu’il ne dit point, comme Luther l’avoue de lui-même, que l’Esprit noir lui eût rien suggéré, et que c’est une chose que ses calomniateurs ne sauraient prouver?

Que les Protestants ne doivent pas même écouter Luther.

Après tous ces témoignages, on ne peut douter que cette pièce ne soit de Luther. Mais en même temps il y a lieu de s’étonner que les Protestants, rendus à la seule lumière de la saine et droite raison, aient pu regarder Luther comme un homme dont Dieu s’était servi pour rétablir la pureté de l’Évangile[3] car il ne faut que le sens commun, pour être convaincu qu’on ne doit pas même écouter celui qui se vante d’avoir appris du Démon ce qu’il veut enseigner aux autres. Aussi voit-on que les faux Prophètes ont toujours dit, pour donner de l’autorité à leurs paroles, qu’ils étaient inspirés d’en haut. Ce n’est

  1. Synod. Dordrac., sess. 99.
  2. David Pareus, lib. controvers. Eucharist., cap. 7, p. 257.
  3. Calv., Rép. Au liv. de Pighius, opusc., col. 311 et 312. Bèze, liv. i, Hist. Ecclés., p. 4. Drelincourt, Faux Pasteur, sect. 3, p. 13. M.Claude, Déf. de la Réform., 2 part., p. 68, etc.