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ta Messe à toi, personne, dans le reste de l’Église, n’en connaît rien; tu n’en dis rien, tu n’en donnes rien à personne[1] ; seul dans ton coin, silencieux et muet, tu manges tout seul, tu bois tout seul ; ignorant de la parole du Christ, incrédule, indigne, tu ne fais communier personne avec toi, et suivant l’usage qui vous fut cher, tu vends cela pour de l’argent comme de bon ouvrage.[2]»

« Si donc tu n’es pas la personne qui puisse et doive consacrer; si pareillement il n’y a personne à ta Messe pour recevoir le sacrement  ; si encore tu bouleverses, détruis ou dénatures complétement l’institution du Christ, si en un mot tu as été oint pour faire tout cela contre le Christ et l’institution du Christ, qu’est-ce alors que ton onction, ta Messe et ta consécration, sinon blasphème et tentation de Dieu ? D’où il suit que tu n’es pas véritablement

  1. On donne l’Eucharistie à tous ceux qui se présentent pour communier, mais le Diable suppose par malice qu’il est défendu aux Prêtres de la donner à personne. Et dans les assemblées même des Protestants et des Réformés, il s’en faut beaucoup que tous participent à la Cène. Cependant malgré cela les Ministres se gardent bien de croire et de dire que leur Cène est imparfaite, parce qu’il en est peu qui y participent.
  2. Qui ne voit combien le Diable cherche ici à tromper ? L’argent que l’on donne au Prêtre, n’est pas le prix d’une vente, mais une aumône qu’il reçoit de la main des fidèles. Le sacrifice n’a point sur la terre de prix suffisant, mais on fait cette charité au prêtre célébrant, pour l’aider à subsister, parce que, selon Saint Paul, le Prêtre vit de l’autel. Et les Ministres eux-mêmes, soit parmi les Protestants, soit parmi les Réformés, ne sont-ils pas payés pour exercer les fonctions de leur ministère ? Et peut-on dire par là qu’ils vendent la parole de Dieu, et qu’ils en font commerce ? Si on le disait, ils rapporteraient, pour leur défense, comme nous venons de le faire, l’autorité de Saint Paul.