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AUTOUR D’UNE AUBERGE

diriez avec raison que ce père est un insensé ou un sans-cœur.

« Un père qui aime son enfant ira même se précipiter dans le danger pour sauver ce cher petit être. Or, Mes Frères, le prêtre aime les âmes, toutes les âmes sont ses enfants ; c’est pour elles qu’il dépense sa vie, ses forces ; aussi doit-il, même au péril de sa vie, lutter contre les scandales qui se rencontrent si nombreux en ce monde. Et une des premières causes de ruine pour les âmes, pour les familles, c’est l’auberge. C’est à l’auberge que vont nos pères de famille, nos jeunes gens, c’est à cette école de tous les vices qu’ils apprennent à blasphémer, à boire, à négliger leurs devoirs les plus sacrés. Ils s’habituent dans l’oisiveté, perdent l’amour du travail, et se laissent aller peu à peu dans toutes sortes d’excès.

« Je comprends, Mes Frères, pourquoi le démon de l’alcool fait tant de bruit quand il est question dans une paroisse d’enlever cette cause de péchés. Ah ! il sait bien, le menteur, mettre sur le chemin des apôtres de la bouteille, qui emploieront toutes leurs énergies pour combattre le prêtre.

« Ils diront qu’une auberge est absolument nécessaire, donnant à entendre que la paroisse ne pourrait subsister sans elle, qu’il y va de l’intérêt d’un chacun ; que ce n’est pas du ressort du prêtre… et que sais-je encore ? S’ils voient que leurs arguments ne produisent