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AUTOUR D’UNE AUBERGE

vente des boissons en secret, on en trouvera toujours… Les curés, ça ne connaît rien là-dedans ! Tiens… voici deux cents piastres, j’espère que tu en auras assez pour en acheter plusieurs.

Après ce discours, qu’il entendit sans broncher, Rougeaud tendit la main pour prendre le rouleau que lui présentait Sellier, et, comme pour excuser son action infâme, endormir sa conscience, il reprit : — C’est un marché fait. Après tout, il faut vivre, et les curés ne m’en ont jamais donné. Qui sait si vous n’aviez pas raison tout à fait en disant qu’ils se mêlent souvent d’affaires qui ne les regardent pas. Dans tous les cas, il faut du pain pour mes enfants ; ils en auront. L’auberge restera où elle est en dépit de toutes les soutanes du monde, foi de Rougeaud le « petit coup » !

— À la bonne heure ! Voilà qui est bien parlé, avant tout il faut être pratique. Mais il faut te hâter. Vois les tiens d’abord, et les gens d’en bas. Bon courage ; à bientôt des nouvelles. Et les deux copains, en guise d’adieu, échangèrent une poignée de mains, scellant ainsi ce complot diabolique.