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AUTOUR D’UNE AUBERGE

— Utile, en quoi ? nécessaire ! comment cela ? expliquez-vous, dit de Verneuil à Latulle.

— Une auberge, dit ce dernier, est utile pour recevoir les voyageurs… ! D’ailleurs, l’alcool, le vin, les boissons fermentées ont rendu des services signalés dans les maladies…

— T’as raison, s’écria Mme Latulle, qui commençait à trouver le discours de M. de Verneuil trop long, t’as raison, si M. de Verneuil était malade comme il y en a, il ne chanterait pas la même chanson.

Mme Latulle, dit M. de Verneuil, laissez-moi répondre à votre mari, et ensuite je vous répondrai. Vous avez dit, M. Latulle, qu’une auberge est utile pour recevoir les voyageurs ! Mais, dites-moi, est-elle indispensable ? Elle serait indispensable si les voyageurs qui nous visitent une fois ou deux par année ne pouvaient trouver à loger dans les maisons privées. Supposons encore que cela ne se puisse faire ! ne pourrions-nous pas avoir une auberge de tempérance, qui logerait les étrangers, comme la chose se pratique dans plus d’une paroisse ? Ajoutez à cela que plusieurs de ces messieurs préféreraient souvent ne point rencontrer de liqueurs sur leur chemin, ils économiseraient un joli montant, tandis que, autrement, ils sont pour ainsi dire forcés de faire de lourdes dépenses. Maintenant, pourquoi conserver dans la paroisse une occasion si funeste à nos familles, à nos jeunes gens, à cause de ces