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AUTOUR D’UNE AUBERGE

surprend : ils n’ont, eux, aucun intérêt à sauvegarder. Bien plus, leur propre intérêt serait de se liguer avec ceux qui veulent le bien de la paroisse, car on ne peut être bon catholique, sans cela. « Ce n’est pas assez, dit le grand Fénelon, de ne faire aucun mal : il faut encore faire tout le bien possible. Ce n’est pas assez de faire le bien par soi-même : il faut encore empêcher tout le mal que les autres feraient s’ils n’étaient retenus. » Cette parole s’applique avec une justesse remarquable à la question qui nous occupe. Pour plusieurs, peut-être, l’auberge ne cause aucun tort, mais pour d’autres, elle fait un mal affreux, et occasionne des scandales qu’il faut prévenir. Or, mes amis, tous les chrétiens sont frères, ils sont membres d’une même Église, ils attendent une même récompense, par conséquent, tous tant que nous sommes, nous devons avoir à cœur de procurer à nos frères les moyens de se sanctifier, et si nous voyons qu’ils courent des dangers nous devons autant qu’il est en notre pouvoir écarter ces dangers, les éloigner d’eux, car, jusqu’à un certain point, nous répondrons de l’âme de nos frères. On ne pourrait tolérer ces occasions de péché qu’autant qu’elles seraient nécessaires ou qu’elles auraient une utilité incontestable.

— C’est pour ces dernières raisons, reprit Latulle, que nous devons garder l’auberge. Elle est utile et nécessaire.