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AUTOUR D’UNE AUBERGE

Mme Boisdru d’un ton aigre-doux répondit : Tu n’en auras pas ; tu es plein. Tu sais, prends garde, c’est moi qui te mène ! Si tu ne me laisses pas la paix, Boisdru, tu vas t’en souvenir ! Et Boisdru criait de plus en plus, avec force jurons que nous passons sous silence par respect pour le lecteur. Vais-je entrer, se dit de Verneuil ? Que faire ? S’ils m’ont vu venir que diront-ils si je ne me montre ?

Il en était à cette réflexion quand il entendit Boisdru répéter à sa douce moitié : Donne-m’en un, rien qu’un !

— Non ! non ! Boisdru, t’en as assez ! Fiche-moi la paix ou sinon… Boisdru insistait toujours.

M. de Verneuil, qui se rendait compte de la scène intérieure entendit un bruit singulier comme celui d’une personne qui frappe avec violence sur les joues d’une autre, et Mme Boisdru disait : Tiens ! Boisdru, en as-tu assez ?… va te coucher maintenant. Boisson infâme ! C’est le diable qui a inventé cela !

Après quelques instants d’attente, qui lui parurent des siècles, tant il craignait d’être découvert, M. de Verneuil frappa à la porte. En un clin d’œil, Mme Boisdru mit les chaises en place et ouvrit à la hâte. C’était une femme d’une taille herculéenne, grande, forte, et d’un tempérament énergique. Elle avait assez d’empire sur Boisdru pour le maîtriser, et c’est elle qui menait la barque. Tout de même, quelque-