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AUTOUR D’UNE AUBERGE

ailler boire et faire boire « ton butin » par tes amis.

— Femme, dit Boisdru, en colère, passe dans ta chambre ! Je t’ai dit de te taire, tu n’as pas d’affaires ici !

Mme Boisdru, qui se contenait à peine depuis quelques instants, se leva en pleurant avec ses enfants et s’enferma dans sa chambre. Témoin de cette scène à laquelle il ne s’attendait pas, M. de Verneuil, tout ému, demanda son paletot et sortit.

Boisdru d’un air bourru le reconduisit à la porte. En partant M. de Verneuil ne put s’empêcher de dire :

M. Boisdru, je regrette la détermination que vous avez prise, j’espère que vous reviendrez sur votre opinion. Encore une fois, c’est pour votre bonheur tout aussi bien que pour celui de la paroisse. Au revoir.

M. de Verneuil se mit ensuite sur la grande route et se dirigea vers la demeure de Louis Boisdru. Si je peux être plus heureux là, se dit-il ! Évidemment, ça va mal, dans ce ménage, et dire que je croyais que tout allait pour le mieux.

En deux minutes, il fut rendu à destination. Il sauta lestement à terre, attacha son cheval et pénétra dans le tambour de la maison. Il allait frapper quand il entendit une voix rauque comme celle d’un homme ivre : c’est Boisdru, fit-il en lui-même. C’était lui en effet, qui disait à sa femme : Vas-tu m’en donner ! j’en veux encore ! passe-moi la bouteille !