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AUTOUR D’UNE AUBERGE

dégoûtants qu’ils ont sous les yeux. C’est encore pour ces familles qui manquent de pain, de vêtements parce que le père boit tout ce qu’il gagne. Combien de mères et d’enfants pleurent. Ah ! cher Monsieur, si l’on comprenait tout le mal que fait l’alcool, on se liguerait partout pour faire disparaître ces buvettes qui ne servent qu’à enrichir un ou deux individus, au détriment de toute une population.

— Oui ! dit Mme Boisdru, vous avez bien raison ! la boisson c’est un malheur ; c’est une plaie pour toutes les familles ; je suis avec vous ; oui ! on n’aurait jamais dû en faire !

— Femme, dit Boisdru, d’un ton qui n’admettait pas de réplique, mêle-toi de tes affaires. Fiche-moi la paix !

Mme Boisdru étouffa un soupir et se tut. Les enfants s’approchèrent de leur mère et se cachèrent dans sa robe. Évidemment, pensa M. de Verneuil, je me suis mal adressé ; et tout haut :

— Je suis peiné de vous voir dans ces dispositions. Il me semble que par le passé vous étiez avec nous ? Qui a donc pu vous faire changer ?

— Personne, M. de Verneuil, seulement je ne veux pas m’en mêler ; bien plus, pour être franc avec vous, comme je viens de vous le dire, je trouve qu’une auberge a son utilité.

— Oui ! reprit encore une fois Mme Boisdru, pour