Page:Lisbois - Autour d'une auberge, 1909.djvu/7

Cette page a été validée par deux contributeurs.
9
AUTOUR D’UNE AUBERGE

nôtre…

— Monsieur Sellier, je commence à être las de cette lutte annuelle… j’aimerais que ça finisse une bonne fois… !

— Jules, est-ce notre faute si chaque année la lutte est à recommencer ? De quoi le Curé vient-il se mêler ? Est-ce son affaire, à lui, de vouloir tout conduire ! As-tu jamais eu l’idée d’aller chanter la messe, de confesser, toi ? L’affaire des auberges, des licences, regarde les citoyens, pas les curés. Il y a belle lurette qu’ils ne s’en mêlent plus en France. On les a vite mâtés, les curés. À chacun sa besogne : la cuisinière à sa marmite ; le meunier à son moulin ; le bedeau à sa cloche, et le curé à la sacristie. Pour en revenir aux auberges, chaque bourg dans mon pays en possède une ou deux, quelques fois trois ; c’est une nécessité quoi ! Je t’assure qu’au Parisien, au Tivoli, à la Toison d’or, on t’en sert du vin et du meilleur, pour une bagatelle. Et on voudrait le voir le curé qui viendrait se frotter contre ces petits Français ! Veux-tu que je te dise toute ma pensée : Vous autres, Canadiens, vous êtes une race de poules mouillées. Depuis vingt ans que je suis en Amérique, c’est toujours, la même chanson ; les curés se mêlent de tout ce qui ne les regarde pas. Il faut leur demander la permission de sortir, de boire, de manger, vous ne pourrez même plus prendre le petit coup qui pourtant,