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AUTOUR D’UNE AUBERGE

— C’est vrai, reprit M. de Verneuil, votre sermon d’hier en a ébranlé plusieurs. On n’ose pas encore le dire trop haut, mais, M. le Curé, on sent que vous avez raison.

— Ah ! reprit M. Héroux, que je serais heureux si vous disiez vrai. Mais je n’ose plus croire que j’ai quelque empire sur eux, et je n’ose plus espérer.

— Monsieur le Curé, croyez-moi, reprit M. de Verneuil, vous avez le grand nombre pour vous ; il n’y a qu’à continuer ; après tout, le bon Dieu n’exige que la bonne volonté, il ne demande pas le succès.

— Ainsi, dit le vieux Curé, vous me conseillez de revenir à la charge ! Peut-être avez-vous raison ? Je lutterai donc jusqu’au bout ; un bon serviteur ne doit pas se croiser les bras quand l’ouvrage le commande. D’ailleurs, il est bien juste que je répare avant de mourir le manque d’énergie que j’ai montré dans cette lutte. Plus je réfléchis, plus je suis tenté de m’accuser.

On le voit M. Héroux cherchait à jeter sur lui seul la cause de ses insuccès.

M. le Curé, vous n’êtes pas seul dans cette nouvelle lutte, je vous seconderai de toutes mes forces.

— Moi aussi, dit vivement Bonneterre, celui qui combat avec son Curé, celui-là, le bon Dieu le bénira.

Longtemps les trois amis parlèrent sur ce ton. M. de Verneuil rapportait ce qu’il avait entendu dire par les gens du chantier, les propos les plus injurieux