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AUTOUR D’UNE AUBERGE

à la mélancolie. Le soleil, si limitée que soit sa course, a donné pendant le jour un peu de vie aux êtres qu’il éclaire de ses rayons bienfaisants ; mais, lorsqu’il disparaît, la nature entière semble se rendormir du sommeil de la mort. Ce spectacle conduit à la tristesse les âmes portées à la rêverie.

Nos gens, eux, ne s’arrêtent pas à ces pensées ; ils savent employer d’une manière plus agréable les longues soirées que le bon Dieu leur donne. Aussi, voyez-les comme ils font une heureuse diversion aux idées noires qu’ils seraient tentés d’avoir. Ils vont, en famille, faire la partie de cartes chez le voisin, et, pendant que les femmes utilisent leurs instants à confectionner des tricots, les hommes fument la pipe, s’amusent à qui mieux mieux. Après la veillée, chacun revient à son logis, frais et dispos, respirant à pleins poumons l’air si pur qui les entoure.

Heureuses nos familles canadiennes qui ne connaissent que ces divertissements honnêtes et qui savent s’en contenter ! Mais, dans plusieurs paroisses, d’autres amusements attirent la jeunesse. L’auberge du village a son attrait ; là aussi on fait la partie de cartes et l’on joue gros jeu. L’argent péniblement gagné coule vite des mains de ces fils de famille. L’on boit et l’on joue à l’argent. Dans certaines villes, des pères jouent d’avance le salaire d’une semaine de travail. C’est assez dire que leurs pauvres familles sont privées du