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AUTOUR D’UNE AUBERGE

Rougeaud, sûr du terrain, saisit l’occasion qui s’offrait si naturellement à lui pour demander à ces gens ce qu’ils pensaient du sermon du Curé.

— Dites-donc M. Catulle, vous étiez à l’église dimanche ?

— Sans doute ; et j’ai entendu le sermon : il ne veut pas de licence cette année, paraît-il.

— Que pense-t-on de cela, ici, dit notre apôtre ?

— Dame, pour moi, fit Latulle, je n’aime pas les abus. Il y a certainement des « jeunesses » qui en prennent trop et c’est blâmable. Je ne vois pas pourquoi, cependant, on priverait toute une paroisse d’une auberge à cause de ces ivrognes. S’ils veulent se tuer, c’est pour eux ! ! D’ailleurs, c’est si utile.

— Oui ! dit à son tour Mme Latulle ; et quand on est malade, on n’a pas besoin de faire des milles et des milles pour avoir de la boisson. On l’a sous la main ; ça vaut un docteur !

Tant mieux, pensa Rougeaud, en lui-même, voilà qui va bien.

— Et vous autres, les amis, dit-il tout haut ?

Bancheron et Poulin approuvèrent ce qui venait d’être dit ; Bancheron ajouta :

— Une auberge, M. Rougeaud, ça sa commodité ; on y trouve des remises pour mettre nos chevaux à l’abri du mauvais temps ; c’est là qu’on vend son foin, son grain, qu’on voit les amis, et, entre nous, une pa-