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AUTOUR D’UNE AUBERGE

pas à lui donner du « brandy », ça donne des forces, ça réchauffe et ça aiguise l’appétit. Pour moi, lorsque je me sens malade, mon vieux m’en prépare et je reviens tout de suite. Si vous lui donniez du vin et de la quinine, de la bière, « du porter », ça lui ferait un changement, et vous la verriez revenir votre fille. Voyez-vous, il faut lui faire du sang, la renforcir, et je vous assure que pour moi, si je n’en prenais pas, je ne serais pas si forte. Pas vrai, mon vieux ?

— C’est le cas, dit Latulle, la femme était toujours malade quand elle se faisait soigner par le médecin ; depuis qu’elle l’a laissé et qu’elle se soigne toute seule la voilà mieux.

Il n’y a rien de bon comme du « brandy » pour ces maux-là, ajouta Bancheron, j’en ai toujours à la maison.

Fier de voir la conversation s’engager sur le terrain de la bouteille, Rougeaud se garda bien de passer à d’autres sujets. Chacun conta ses maux, ses misères, et les remèdes infaillibles pour les guérir, c’étaient : l’alcool et les boissons fermentées. Cette erreur est généralement répandue dans nos campagnes. Cependant, selon les témoignages de médecins experts, la boisson ne réchauffe pas, loin de là ! elle ne guérit pas non plus ; ce n’est pas un tonique, et elle ne fait pas de sang. Ces arguments portent à faux, et la science médicale prouve, au contraire, que l’alcool engendre des maladies terribles…