autre. — Vous croyez ? — Dame, si l’on se croise les bras… — Dans tous les cas, M. Rougeaud, comptez sur moi et sur Baptiste.
Ce soir-là, le zélé compère visita une dizaine de familles, toutes plus ou moins atteintes du mal qui ronge notre société : l’ivrognerie. Il n’était pas tard, le lendemain, lorsque Rougeaud se rendit au moulin pour rendre compte à son maître du résultat de ses premières démarches. — Tant mieux ! dit Sellier, plus les affaires iront rondement, mieux nous réussirons. Prenons le devant, car si ton vieux « porteur de soutane » se met dans la tête de faire la lutte qu’il dit, ça va être chaud. Pour moi, je ne comprends pas, Rougeaud, que des hommes intelligents comme les Canadiens se laissent faire la leçon sans rien dire, et qu’ils se laissent prendre ainsi aux beaux discours de ces calotins qui, après tout, sont payés pour vivre grassement, tandis que vous autres, vous ne recevez que des injures. Tiens !… Rougeaud, si c’était la mode dans le pays, tu verrais tes chers curés, et des premiers, tenir des auberges pour s’enrichir ! Oh ! alors, ils ne diraient plus rien ! La religion, tu sais, je la connais, c’est de l’argent, toujours de l’argent !
Ce jour-là, Sellier était en verve, et il en débita longuement sur le compte des pauvres curés…
Rougeaud, les deux soirs suivants, continua à visiter les familles du bas de la rivière. On le reçut par-