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CHAPITRE V.

OÙ ROUGEAUD ENTRE EN CAMPAGNE


Comme il l’avait promis, Rougeaud, le soir même de son entrevue avec Sellier, se mit en campagne. Il voulut, cette fois encore, suivre la marche ordinaire des années passées, qui lui avait toujours réussi. Il se rendit chez les gens du bas de la rivière qui, à de rares exceptions près, étaient pour lui des auxiliaires précieux et des apôtres de la dive bouteille. Ces gens, travaillant au moulin, n’auraient jamais voulu contrecarrer les idées par trop connues de Sellier. Aussi étaient-ils gagnés d’avance ; ils formaient un bloc inébranlable. Plusieurs d’entre eux, quoique catholiques, semblaient ne pas connaître le chemin de l’église.

Rougeaud, toutefois, en homme expérimenté, se gardait toujours de les consulter en public. Il les visitait un à un : c’était plus prudent et les objections qu’on pouvait soulever, bien que peu à craindre, étaient plus facilement résolues.

Tu es pour nous cette année, Clément ? — Comme toujours, Monsieur Rougeaud. — Et de un, pensait notre apôtre. La lutte va être chaude, soufflait-il à un