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AUTOUR D’UNE AUBERGE

La méthode d’enseignement de Melle Bonneterre ne plaisait pas à tout le monde. D’aucuns prétendaient qu’elle donnait une trop large part au catéchisme, au détriment des autres sciences. Sellier, lui-même, disait ouvertement qu’elle était bonne enfant, mais qu’elle manquait de connaissances pratiques :

« Une telle institutrice ne fera jamais que des ratés ! Avec ces livres démodés qu’on met entre les mains des enfants, que veut-on faire ? Soyez plus pratiques, mes bons amis, disait-il aux hommes du chantier, soyez plus pratiques, de nos jours, c’est du calcul, de la géographie, de la tenue des livres, de la sténographie, qu’il vous faut… Outillez-vous ! » Rougeaud faisait chorus avec son seigneur et maître. Un jour même, sous l’officieux prétexte de donner un bon conseil à Melle Bonneterre, il se rendit à l’école et lui dit : « Vous connaissez, Mademoiselle, l’intérêt que je vous porte, et l’amitié qui a uni votre bon père au mien en est une preuve, je me permets donc de venir vous mettre au courant de certaines plaintes faites par des paroissiens sur votre manière d’enseigner. Votre méthode n’est pas assez pratique… De nos jours, Mademoiselle, il faut donner plus de soin aux choses pratiques… Le catéchisme a sans doute sa place dans l’école, mais il ne faut pas oublier les autres matières qui forment les hommes… Il faut s’outiller, et être pratique avant tout… »